La feuille de route de Justin Laramée a de quoi impressionner : il sillonne le Québec depuis quelques années avec sa pièce documentaire Run de lait et a mis en scène la pièce Seeker pour laquelle l’autrice Marie-Claude Verdier a remporté le prix Michel-Tremblay. Toutou rien et La fugue, deux des précédents spectacles de sa compagnie fondée il y a 20 ans, VA ! Art Vivant, ont été présentés près de 200 fois.

Pourtant, la compagnie théâtrale a essuyé plusieurs refus pour ses projets récents et à venir, dit Justin Laramée. « Pour Seeker, on voulait présenter une pièce à deux volets, avec une deuxième partie qui se serait passée 25 ans plus tard. La proposition était intéressante, le Théâtre d’Aujourd’hui qui codiffuse le spectacle était emballé. Le CALQ nous a soutenus pour la production de la pièce, mais le CAC ne nous a rien donné. Ni pour l’écriture de Seeker 2 ni pour la reprise de Seeker 1. »

Résultat : une partie des sommes accordées par le CALQ a dû être utilisée pour écrire la deuxième partie de la pièce, partie qui ne sera peut-être jamais présentée sur une scène ! « De plus, cette situation a fragilisé la production de la première partie de Seeker qui s’est retrouvée sous-financée. Il a fallu piger dans les poches de la compagnie pour payer tout notre monde pour la reprise du spectacle original… C’est absurde. »

Il a aussi fait des demandes de soutien pour des projets d’envergure développés notamment en partenariat avec le Théâtre Denise-Pelletier. Il a reçu zéro dollar en recherche et création, tant au fédéral qu’au provincial. Il tient toutefois à poursuivre coûte que coûte la phase d’écriture, même s’il devra encore une fois piger dans les coffres de sa compagnie et, par ricochet, dans son propre salaire.

« Pour la première fois, l’année dernière, j’ai pu me verser un salaire pour mon travail de directeur général de la compagnie », dit Justin Laramée. Son salaire ? Moins de 10 $ l’heure…

« Ce qui me permet de survivre, c’est que je suis à la fois producteur, auteur, metteur en scène, acteur. Je porte tous les chapeaux. J’ai aussi enseigné à l’école de théâtre de Sainte-Thérèse et je suis directeur éditorial pour la collection de théâtre La scène chez Somme toute. »

Père de deux jeunes enfants, il a connu ses moments de découragement. « À un moment donné, je me suis dit : “Je me lance une dernière fois dans un gros projet et si ça ne fonctionne pas, je vais faire autre chose.” C’était pour Run de lait. Ça a marché. »