C’est dans son Saguenay natal que Vicky Côté a décidé d’implanter sa compagnie, le Théâtre à Bout portant, il y a de cela 15 ans.

« Des demandes de soutien, j’en fais fréquemment, lance la femme de 42 ans. Je dois faire des demandes auprès des conseils des arts à chaque nouveau projet, et ce, pour toutes les phases de création et de production. »

Elle travaille depuis 2021 sur un spectacle solo intitulé Pour la vie.

Aussi incongru que ça puisse paraître, j’ai eu de l’argent pour de la recherche, mais pas un sou pour la production. En fait, j’accumule des zéros pour mes demandes en production et diffusion.

Vicky Côté

« Je me retrouve devant deux options pour cette production : sauver le bateau ou le couler, ajoute Vicky Côté. Le système actuel laisse les artistes dans un état de précarité extrême. Pour continuer à créer, je ne peux payer tout le monde comme je le voudrais. Même rejoindre le public est compliqué sans soutien. C’est un cercle vicieux : je n’ai pas d’argent pour faire de la promotion et convaincre le public de venir voir mon spectacle. »

Pour joindre les deux bouts et empêcher le bateau de couler, le Théâtre à Bout portant s’est lancé dans une grande campagne de financement. « Avec les fonds amassés, j’ai réussi à engager quelques concepteurs, pour ne pas avoir à tout faire moi-même. Mais je ne compte pas mes heures. Je paie tout et je me paie avec le reste. Je tiens à ce que tous soient payés pour le travail investi. Et parfois, cela signifie de réduire mon propre salaire. »

Elle poursuit : « C’est difficile de garder espoir pour les petites compagnies. Surtout en région. Les projets soutenus, par le CALQ notamment, sont souvent ceux de compagnies de Montréal ou de Québec. Je comprends que l’offre est plus grande dans les grands centres, mais je me demande si les jurys ont une connaissance de ce qui se fait partout sur le territoire… »

Est-elle découragée par ces refus répétés ? « Oui, parfois. Quand tu passes des semaines à travailler sur une demande d’aide pour un projet auquel tu crois, le projet devient tangible. C’est désarmant de te faire dire non. Car je ne sais pas ce que j’aurais dû faire pour qu’on accepte ma demande… »

La question se pose quand on sait que Vicky Côté a remporté en 2016 le prix John-Hirsh du Conseil des arts du Canada pour l’excellence en mise en scène. « Quelques jours avant de recevoir le prix, j’ai reçu une lettre de refus pour une demande de financement au CAC. J’ai lu cette lettre comme discours à la cérémonie de remise du prix… »