« Le devoir de la comédie étant de corriger les hommes en les divertissant, j’ai cru que je n’avais rien de mieux à faire que d’attaquer par des peintures ridicules les vices du siècle », a écrit Molière.

Le maître farceur estimait que l’art est l’antidote à la noirceur du monde. Ce que l’autrice Emmanuelle Jimenez illustre avec à-propos dans Le roi danse, sa nouvelle pièce inspirée du film homonyme de Gérard Corbiau, lui-même tiré du roman Lully ou le musicien du soleil. Un spectacle fort réussi qui divertira le public jeune et moins jeune.

L’histoire raconte les années de gloire de Molière et du compositeur Lully, à l’époque où les deux virtuoses brillaient au sein de la cour de Louis XIV. La rencontre entre le Roi-Soleil, Lully et Molière est assez unique. Ce trio atypique et puissant a fait rayonner la musique, le ballet et le théâtre comme nul autre dans l’histoire de l’art. Or, si le Roi-Soleil a permis aux deux grands artistes de briller, ils ont aussi connu le mépris de leur société. L’art ne flirte pas impunément avec le pouvoir…

Grandes performances d’acteurs !

Habilement mise en scène par Michel-Maxime Legault, cette production du Théâtre Denise-Pelletier marie donc lumière et noirceur pour aborder un idéal artistique aussi noble que difficile à atteindre.

PHOTO VICTOR DIAZ LAMICH, FOURNIE PAR LE THÉÂTRE DENISE-PELLETIER

Simon Landry-Désy en Lully touche au génie par moments dans Le roi danse !

Simon Landry-Désy (Lully) et Jean-François Nadeau (Molière) sont extraordinaires ! Ils ne font pas qu’interpréter Lully et Molière, ils touchent à l’âme de leurs personnages et les font évoluer sous nos yeux. La scène où Nadeau présente une farce devant le roi et sa cour est hautement comique. On sent l’expérience et le don d’improvisateur de Nadeau dans ce désopilant numéro d’acteur qui touche au génie. Idem pour Landry-Désy, lorsqu’il se brouille avec Molière, en jouant une mémorable scène de colère qui nous terrorise !

Mattis Savard-Verhoeven incarne un Louis XIV frêle et agile, qui manque un peu d’autorité. La merveilleuse Marie-Thérèse Fortin (Anne d’Autriche), Marcel Pomerlo et Sharon Ibgui complètent cette efficace distribution. Le sobre décor de Jean Bard, magnifiquement éclairé par la conceptrice lumière Sonoyo Nishikawa, est un écrin qui laisse toute la place au jeu des comédiens. Une production presque sans fausse note.

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Le roi danse

Le roi danse

Avec Marie-Thérèse Fortin, Sharon Ibgui, Simon Landry-Désy, Jean-François Nadeau, Marcel Pomerlo et Mattis Savard-Verhoeven

Jusqu’au 9 décembre, Au Théâtre Denise-Pelletier

7,5/10