Rires, le premier volet de deux spectacles du Nouveau Théâtre Expérimental (NTE), à Espace Libre, met en scène une troupe d’interprètes issus des « cohortes de la pandémie » en théâtre et en humour.

Dans une mise en scène de Daniel Brière et d’Alexis Martin, le spectacle s’articule autour d’un collage de scènes comiques, issues du répertoire théâtral et télévisuel, sélectionnées par les codirecteurs artistiques du NTE.

Leur choix couvre large. Ça va de Ionesco (un extrait de La cantatrice chauve) à Claude Meunier (Les voisins, la scène des invités au salon) ; de Molière (Le bourgeois gentilhomme) à Feydeau, Tardieu, Monty Python et Les Cyniques. On y trouve aussi des sketches d’émissions comme Saturday Night Live, Sol et Gobelet. Le tout est exécuté allegro rapido, en un acte d’environ 90 minutes, enrobé dans une facture vaudevillesque.

Toute la distribution est énergique.

Parmi ces jeunes talents, mentionnons la performance parfaite de Laurence Laprise en Française qui « dérange » deux Québécoises dans un tout-inclus en Guadeloupe (Tantine Normande, de Clémence DesRochers) ; un numéro absurde de Paul et Paul, Le boxeur, joué par Simon Duchesne ; un court monologue de Raymond Devos, saupoudré de l’accent arabe de Mehdi Agnaou.

PHOTO MARLÈNE G. PAYETTE, FOURNIE PAR LE NTE

Laurence Laprise livre avec brio un sketch de Clémence DesRochers dans Rires.

Sans propos clair

Malheureusement, si la prestation des acteurs est impeccable, le spectacle souffre d’un manque, plutôt d’une absence de propos sur le riche sujet abordé par la pièce. Qu’est-ce qui nous fait rire d’une génération à l’autre ? À cette question lancée par le NTE, la production ne fournit pas de réponse, sauf deux ou trois clins d’œil sur l’humour ancien et l’époque actuelle, et un extrait de Conférence du rire, d’Alexis Martin.

On enchaîne pêle-mêle les tableaux, sans interagir, sauf pour de brèves mises en contexte par un présentateur, Vernis Bergeron, qui n’aborde pas de front la thématique.

Rires reste un exercice de jeu, fort bien exécuté, certes, mais un brin scolaire.

On en ressort sans savoir ce qui fait rire ou pas les jeunes, sans avoir un point de vue sur ce répertoire comique, ni même un début de réponse aux questions soulevées par la proposition.

PHOTO MARLÈNE G. PAYETTE, FOURNIE PAR LE NTE

Rires représente le premier volet d’une démarche artistique étalée sur deux ans.

Toutefois, il faut rappeler que Rires représente le premier volet d’une démarche artistique étalée sur deux ans. Le NTE produira un second spectacle, au printemps 2025, qui sera plus « créatif », avec une écriture originale. La jeune troupe sera aussi chargée de la conception et de la mise en scène. Alors, serons-nous en mesure de vérifier ce qui sépare (ou rapproche) les générations dans l’histoire de l’humour ?

Car, pour l’instant, ceux qui connaissent la plupart des sketches originaux risquent de rester sur leur faim. Ou de sourire au lieu de rire…

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Rires

Rires

Collage de textes et mise en scène, Daniel Brière et Alexis Martin
Avec Mehdi Agnaou, Zoé Boudou, Anne-Sarah Charbonneau, Simon Duchesne, Fabrice Girard, Laurence Laprise et Caroline Somers

Espace Libre, Jusqu’au 4 mai

6,5/10