L’auteur s’adresse à la ministre du Tourisme, responsable du Stade olympique, Caroline Proulx

Je me permets de vous écrire en ma qualité d’ex-élu du quartier Hochelaga-Maisonneuve, de membre du Comité-conseil sur l’avenir du Parc olympique, et surtout de résidant de l’avenue Pierre-De Coubertin. J’ai donc le plaisir d’apprécier la splendeur du Stade olympique sur une base quotidienne.

Il y a fort à parier que dans les prochaines semaines, le parachèvement du Stade olympique sera un thème récurrent de l’actualité. Des articles comme celui de Philippe Teisceira-Lessard qui associe le toit du Stade à un cauchemar, une histoire d’horreur, seront nombreux⁠1.

Reconnaissons d’emblée que les Québécois en général et les Montréalais en particulier ont une relation avec l’aventure olympique de 1976 qui est toute en contrastes. Si le Stade olympique est le symbole par excellence de Montréal à l’international, sa réalisation a connu quelques déboires ; explosion des coûts, près de 15 fois plus élevés que l’estimation de départ (de 120 millions à près de 1,4 milliard de dollars pour l’ensemble des installations olympiques), nombreuses grèves sporadiques de divers corps de métiers.

Dans les prochains mois, vous aurez la tâche de convaincre vos collègues du gouvernement de la pertinence de parachever le Stade olympique. Tout comme au temps de Jean Drapeau, les détracteurs de ce projet seront nombreux.

J’ai cependant la conviction que si ce débat est mené sur une base factuelle, de larges courants de l’opinion publique comprendront l’intérêt collectif de pareil projet.

Voilà pourquoi je soumets les sept arguments suivants afin de nourrir le débat :

– premièrement, comme le rappelait l’historien Benoît Clairoux dans son excellent livre Le Parc olympique, 40 ans d’émotions, le Stade est payé depuis 2006 grâce à la taxe sur les produits du tabac. Il aura coûté 998 millions à lui seul et il serait pour le moins stupide de ne pas le mettre en valeur de façon optimale pour les prochaines générations ;

– deuxièmement, le Stade olympique doté d’un toit cesserait d’être inutilisable de novembre à avril et pourrait ainsi accueillir à nouveau des salons et évènements d’importance, certains ayant fait défection en raison de contraintes saisonnières, pensons seulement au Salon de l’auto ;

– troisièmement, les gestionnaires du Stade olympique sous la direction de Michel Labrecque ont fait preuve d’une gestion rigoureuse dans la réalisation de grands projets. La rénovation du Centre sportif au coût de 30 millions, la construction de l’Institut national du sport pour la somme de 24,5 millions, la mise aux normes de la Tour avec un investissement de 143,5 millions, voilà autant de projets livrés dans les délais prévus ;

– quatrièmement, la Tour du Stade est appelée à devenir une importante attraction touristique. Les Montréalais, les gens des régions et les touristes pourront marcher sur son toit, le funiculaire a été remis à neuf, et ses divers salons repensés à des fins de restauration et de location, tant et si bien que l’achalandage pourrait passer de 250 000 visiteurs au moment de la pandémie à 400 000 en 2024, dont une très grande partie de touristes ;

– cinquièmement, depuis quelques années, grâce au travail acharné d’Alain Larochelle, vice-président Exploitation et développement commercial et de toutes ses équipes, le Stade olympique a connu des succès de foule et est devenu un important lieu de rassemblement. À titre d’exemple, en août 2023 avec le spectacle de Metallica, les activités de Fierté Montréal et le spectacle de l’Orchestre symphonique de Montréal, en une seule semaine, c’est près de 200 000 personnes qui ont convergé vers ce site avec tous les bienfaits que l’ont peut imaginer pour l’économie du Québec et la prospérité de Montréal ;

– sixièmement, le Centre sportif du Stade olympique que dirige brillamment Catherine Brunet a renouvelé son expérience client en offrant davantage de cours et des programmes d’évaluation physique individualisés tant et si bien que 4000 membres y sont inscrits, ce qui est sans précédent ;

– et septièmement, jamais les dirigeants du Stade olympique n’ont poussé aussi loin la réflexion et l’acquisition d’expertise concernant les modalités technologiques d’installation du toit. La firme SBP (Schlaich, Bergermann, Partner), qui est spécialisée dans la conception des toits de stades et qui a en réalisé plus de 60 à travers le monde, a été retenue dans le dossier montréalais. Un consortium composé des entreprises Canam et Pomerleau s’est qualifié pour le mandat de conception, construction, financement et entretien de la toiture du Stade olympique. Si mes informations sont justes, le dossier du Stade olympique est actuellement en discussion dans les plus hautes instances gouvernementales.

En espérant que cette trame argumentative permette un débat serein sur le parachèvement de notre stade, et que je puisse lire un jour dans le journal La Presse que ce n’est pas tant le cauchemar qui se poursuit que le rêve olympique de 1976 qui se complète, je vous souhaite, Madame la Ministre, la meilleure des chances dans les responsabilités qui vous incombent.

* Réal Ménard a été membre du comité exécutif de la Ville de Montréal de 2013 à 2017.

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