Les déclarations de Thomas Mulcair au sujet de Margaret Thatcher ont fait couler beaucoup d'encre depuis quelques jours. Le chef du NPD, qui représente aujourd'hui la gauche sur la scène fédérale, aurait été un partisan des politiques néolibérales dans un passé pas si lointain.

J'avoue que les déclarations de Mulcair sont troublantes et je crois que les étiquettes d'opportuniste et de vire-capot que certains lui ont accolées sont assez justes. Mais d'un autre côté, je ne peux m'empêcher de penser que ce dernier n'est pas, à lui seul, le NPD. Bien sûr, il en est le chef, mais un parti n'est pas le produit d'un seul homme ou d'une seule femme. En théorie, un parti est une organisation reflétant les valeurs des partisans qui la composent et qui militent en son sein.

Cette vision peut sembler quelque peu idyllique, mais, à titre d'exemple, il faut tout de même souligner que Stephen Harper n'a pas mis en place des politiques de droite à l'insu de tous. Il l'a fait ouvertement, avec l'appui de ses députés et de son parti.

Je ne tente pas ici de défendre Mulcair et ses déclarations. Je me demande simplement si s'attaquer à un seul individu plutôt qu'à l'ensemble de la plateforme du parti ne relève pas d'une certaine forme de démagogie. Si Mulcair est encore un adepte du néolibéralisme version Thatcher et qu'il tente de proposer des politiques de cette nature s'il devient premier ministre, je doute fort que les membres de son parti continueront de l'appuyer.

Un chef a une influence sur son parti, mais ce n'est pas un tyran prenant seul les décisions, sans prendre en considération l'ensemble du parti.

L'histoire de Mulcair démontre l'importance démesurée que l'on accorde aux chefs des différents partis, dans notre système politique. Nos campagnes électorales ressemblent davantage à un concours de popularité entre les différents chefs qu'à un réel débat d'idées. Ces derniers sont à peu près les seuls représentants des différents partis que nous voyons et entendons parler.

Nous pourrions imputer la responsabilité de cela à nos médias, car ce sont eux qui nous présentent toujours les chefs à l'avant-plan, mais je crois que le problème est davantage social et global. Si les partis mettent autant de l'avant leur dirigeant, c'est qu'ils considèrent que ce sont des individus charismatiques et que cet aspect est crucial pour aller chercher des votes. Par conséquent, les électeurs sont également responsables de cette situation.

En somme, il est dommage de constater que notre politique semble davantage reposer sur la personnalité de quelques individus, plutôt que sur ce qui compte vraiment, soit les idées.