Stephen Harper se dit « ravi » de ralentir la mise en place d'un régime de retraite provincial en Ontario. Il a même qualifié le projet d'un régime de retraite comme étant, et je cite, « une énorme augmentation de taxe ».

Il a ajouté qu'un tel régime de pension serait mauvais pour l'économie et mauvais pour l'emploi, car les petites entreprises ont averti qu'elles devraient supprimer des emplois pour couvrir les coûts supplémentaires du nouveau régime de retraite.

Il n'est pas étonnant de constater que M. Harper pense aux entreprises et à ce que cela leur coûterait, mais notons qu'il se préoccupe aussi des travailleurs, car il clame que ce régime de retraite prendra l'argent des travailleurs et leurs familles, fera perdre des emplois et nuira à l'économie.

Il est vrai qu'un régime de retraite demanderait des cotisations des travailleurs et du patronat.

Mais les travailleurs canadiens qui n'ont pas de régime de retraite avec leur employeur ont-ils les moyens de ne pas cotiser pour se créer un peu de sécurité à leur retraite ?

Au Québec, nous avons un régime de retraite provincial, ce qui n'empêche pas plusieurs retraités de devoir contracter de petits boulots chez Walmart et compagnie pour pouvoir maintenir un niveau de vie décent - je ne pense pas que ce soit le rêve de la plupart des retraités de travailler dans des magasins à un dollar pour se distraire...

Souvenons-nous de la visite au Canada en mai dernier du rapporteur spécial de l'ONU sur le droit à l'alimentation, M. Olivier de Schutter, qui a affirmé que deux millions et demi de personnes - et trop de familles, soit une sur dix - faisaient face à l'insécurité alimentaire en 2007-2008. Je parierais fort que plusieurs de ces personnes (outre des Autochtones et des enfants) sont des retraités sans pension.

Comment le gouvernement Harper a-t-il réagi au rapport de l'ONU ? Le ministre de l'Immigration, Jason Kenney, a qualifié la visite du rapporteur spécial de « ridicule » et de gaspillage d'argent, tandis que la ministre de la Santé, Leona Aglukkaq, a déclaré trouver que M. Schutter était un intellectuel « mal informé » et « condescendant ». Et voilà résumées en quelques mots les préoccupations des conservateurs pour la sécurité alimentaire des Canadiens : ils n'y croient pas, donc cela n'existe pas.

Si, comme l'affirme M. Harper, les travailleurs et leur famille n'ont pas les moyens de cotiser à un régime de retraite, comment ces mêmes travailleurs à la retraite auront-ils les moyens de manger sainement ? Viendront-ils gonfler les rangs de ceux qui font face à l'insécurité alimentaire ? Peu importe, les bonzes conservateurs savent que les travailleurs n'ont pas besoin d'un régime de retraite... spécialement et surtout quand cela pourrait coûter des sous aux entreprises.

Le 19 octobre, je me souviendrai... Et vous ?