Dans le puits de savoir qu'est Wikipédia, on lit notamment, au sujet de la Loi électorale du Canada :

« Faute d'un cadre législatif encadrant le financement des partis politiques, on assiste tout au long du XIXe siècle à de nombreux abus entachant le processus électoral : achat de votes ; distribution d'alcool, de porc ou de farine aux électeurs ; substitution de personne ; importation d'électeurs américains ; falsification des listes électorales ; intimidation de la part du clergé ou des employeurs ; utilisation abusive des fonds publics à des fins électorales. »

Aïe, mes aïeux, quelle turpitude !

Transportons-nous en 2015 pour apprécier le progrès. Un premier ministre, par ailleurs débouté en Cour suprême en 2004 pour avoir tenté d'invalider l'inclusion de limites des dépenses électorales dans la Loi électorale du Canada (cause au nom symbolique de Harper c. Canada), déclenche la campagne électorale la plus longue de l'histoire moderne du pays.

Motif unanimement reconnu : les coffres du parti au pouvoir sont mieux garnis que ceux des autres partis, sans compter les abondantes semailles préélectorales (graines de fonds publics génétiquement modifiés) dont le pays a été témoin avant le déclenchement de la campagne.

Autrement dit : puisqu'on ne peut dépenser davantage durant la période conventionnelle de la campagne électorale, allongeons cette période et le tour est joué.

Pour résumer, la longueur tout à fait exceptionnelle de la campagne électorale fédérale reflète le « pouvoir d'achat » supérieur du parti qui l'a déclenchée. Ne nous avait-on pas promis la transparence ? L'alcool, le porc et la farine ont effectivement pris des formes plus « transparentes », qui montrent que certains stratèges semblent prendre les électeurs pour des « con-serviteurs ».