J'ai assisté la semaine dernière au dévoilement du Manifeste pour un élan global. Une action concoctée par quelques-uns de nos jeunes leaders engagés dans des luttes à caractère écologique, dont Dominic Champagne, Gabriel Nadeau-Dubois et Laure Waridel. En référence au manifeste du Refus global, perçu comme le détonateur de la Révolution tranquille, on espère ainsi donner le signal de départ à un mouvement qui pourra faire reculer, voire enrayer l'exploration et l'exploitation des hydrocarbures.

Un cri d'alarme, même si les effets néfastes de la consommation et de la manipulation des produits gaziers sur la biosphère sont documentés et diffusés mondialement depuis des décennies. Pendant que j'assistais au lancement, j'avais dans mon angle de vue Françoise David, qui écoutait attentivement les protagonistes. Pendant un instant, j'ai imaginé son discours intérieur: «Merde, ça fait des années que je m'époumone à dire la même chose sur toutes les tribunes! Pourquoi ne pas vous joindre à Québec solidaire, une organisation déjà bien établie?»

La question se pose. Pourquoi toute cette mise en scène pour un enjeu déjà largement débattu par plusieurs acteurs? La réponse se trouve probablement dans la raison qui explique ma présence à ce rendez-vous. Elle se résume en un mot: espoir.

L'espoir de voir s'élever au-dessus des sempiternels débats gauche-droite, riches-pauvres, des idées originales pouvant mener à un large consensus et à la mise en chantier d'un projet de société aussi noble que prospère. L'espoir de voir s'installer un capitalisme à visage humain appuyant le développement économique sur des valeurs de respect et de solidarité et dont les facteurs de réussite seraient définis autrement que par la cote en Bourse et le bénéfice net.

Est-il loufoque d'imaginer que la matière utilisée, la manière de produire, le contrôle des rejets et la durabilité d'un produit pourraient devenir des critères de succès?

La démographie à l'échelle planétaire exige que l'on remette en question notre manière de consommer et d'exploiter les ressources fournies par la planète. De par sa conscience et son savoir-faire, l'humain a le privilège de pouvoir intervenir sur l'équilibre de l'écosystème et sur le maintien d'un environnement climatique viable. Il a la responsabilité d'agir et, pour ce faire, il doit réapprendre à s'incliner devant la nature, à réintégrer une dimension spirituelle dans sa relation avec elle. Ce que la gauche marxiste a contribué à éteindre au fil des ans.

Un virage urgent

À ceux qui croient que cette manière de voir est réservée aux poètes, je réponds que ceux-ci sont aussi nécessaires à la société que nos grands entrepreneurs. Depuis toujours, ils sont ceux qui éclairent les consciences et qui donnent du sens à l'existence. Sans eux, nous serions des cellules comme toutes les autres s'agitant dans l'insignifiance pour se nourrir, se reproduire, se battre et mourir.

Habité par l'urgence de voir l'humanité et la société entreprendre des virages transformants et en l'absence de véhicules idéologiques ou politiques dans lesquels je peux me reconnaître, j'ai répondu à l'appel de joindre l'Élan global sans trop savoir ce qui en retournait exactement. Je me suis donc présenté au dévoilement davantage en curieux qu'en fidèle.

Même si la mise en piste peut paraître maladroite à certains égards, même si le ton peut sonner naïf et sans nuances, l'action mérite qu'on s'y attarde. À cause de l'importance de l'enjeu, à cause de la qualité des personnes qui l'ont initiée. Les objectifs du mouvement vont-ils demeurer dans des balises écologiques ou évolueront-ils vers quelque chose de plus global? L'avenir le dira, mais chose certaine, nous sommes plusieurs à espérer.