L'auteur réagit au texte «J'ai honte d'être à l'UQAM», publié vendredi dernier.

L'UQAM est à l'avant-scène médiatique ces derniers jours, et ce n'est pas parce que l'équipe de plaidoirie représentant l'UQAM au dernier concours Pierre-Basile-Mignault a raflé à peu près tous les honneurs.

Ces jours-ci, à l'UQAM, des luttes opposent des mouvements étudiants dont on doit - sinon dont on peut - déplorer les moyens les plus durs à une administration repliée sur des principes de gestion qui se veulent tout aussi durs. Je ne ferai pas semblant d'être neutre: ces principes de gestion dont la direction se réclame, je les considère aussi durs qu'étroits, voire, dans le présent contexte, dangereux.

Indépendamment de mes convictions, plusieurs qui connaissent l'UQAM s'accorderont pour dire qu'il s'agit d'une université dont l'excellence, notamment dans l'accessibilité aux études et dans l'engagement dans la cité, en ces temps difficiles, se doit d'être réaffirmée. Il s'agit d'une université plurielle qui, comme tout lieu qui accueille cette manifestation saine de la liberté appelée encore «contestation», ne peut s'analyser à partir de quelques images spectaculaires médiatiquement surjouées.

Je crois qu'on aurait tort de présenter les enjeux soulevés par les contestations actuelles et les actions menées dans le cadre de ces mouvements comme des clowneries, comme l'a fait dans vos pages une étudiante du baccalauréat en droit de l'UQAM. J'ai la conviction que nous devrions tous prendre au sérieux les contestations actuelles et, en particulier, les sentiments d'injustice qui les animent.

Au cours des dernières semaines, à l'UQAM, il y a eu du grabuge, c'est vrai, mais il n'y a pas eu que du grabuge, tant s'en faut. La plupart des cours se sont donnés: moins que certains auraient voulu, mais (beaucoup) plus que d'autres auraient voulu. Des assemblées générales se sont soldées par des grèves, d'autres non. Une demande d'injonction provisoire présentée par la direction de l'UQAM a été accueillie. Des étudiants l'ont pour leur part rejetée avec véhémence - bien sûr, ces étudiants se sont reconnu le droit de la rejeter. À ces points de discorde - c'est un euphémisme - s'ajoute celui né des procédures disciplinaires tardives entreprises contre des étudiants militants.

L'UQAM reste l'UQAM

Tout cela démontre qu'à l'UQAM, un spectre politique étonnamment large se déploie, et ce, la quasi-totalité du temps, dans le respect des opinions de chacun. Je dis étonnamment large, car, à mon avis, cela ne va pas de soi dans une société où les individualités, en plus d'être de plus en plus isolées, sont monstrueusement retournées contre elles-mêmes, sous le bâton d'indicateurs économiques dont bien peu comprennent les ressorts.

Les étudiants de l'UQAM ont la chance d'évoluer dans un environnement riche de ses savoirs (et de ses imperfections) qui fait la part belle (trop diront certains) à la critique de toutes les institutions, qui accepte de retourner toutes les pierres et, au passage, de commettre des erreurs dont parfois il est possible d'avoir honte et dont il faut espérer que tous travaillent fort présentement pour qu'aucune faute irréparable ne survienne.

Alors qu'en ces temps plus difficiles, des étudiants à la fois aiment et détestent l'UQAM au point de vouloir la quitter au plus vite, c'est une chose. Mais que des étudiants, comme l'étudiante qui a témoigné dans vos pages, aiment et détestent l'UQAM au point de ne pas vouloir la partager avec ceux et celles qui viennent à leur suite et qui forment le rêve de devenir juristes, en tant que professeur de droit qui dirige le programme du baccalauréat en droit de l'UQAM et qui adhère fortement aux valeurs de l'UQAM, je trouve cela très injuste.

Dans les circonstances, je crois qu'il est de mon devoir d'affirmer que le programme de baccalauréat en droit de l'UQAM continuera de former, dans un environnement exceptionnellement humain et politiquement stimulant, des juristes d'exception, préoccupés de justice sociale.