Nous sommes le mercredi 13 août et en écoutant à la radio Jean Lapierre dénoncer la décision d'arrêter la livraison du courrier à domicile, et surtout, l'entrevue médiocre donnée par la représentante de Postes Canada, je me suis dit « ce n'est plus l'institution que j'ai connue », et je me sens dans l'obligation de réagir.

Dans les années 80 et 90, j'ai vécu la transformation graduelle de la livraison du courrier, plus particulièrement dans différentes municipalités du Québec. D'ailleurs Saint-Constant, où je demeure, a été l'une des premières à adhérer au projet de livraison dans des boîtes communautaires situées au coin des rues. Comme pour de nombreuses municipalités au Québec, ce fut une nette amélioration puisque nous devions auparavant aller chercher notre courrier au bureau de poste.

À titre de responsable du Service à la clientèle, j'ai été associé aux différentes démarches faites auprès des municipalités pour leur proposer l'installation de boîtes communautaires. Rencontres d'information avec les maires et les services d'urbanistes, rien n'était laissé au hasard. La consultation était prioritaire. Avec le temps, les boîtes ont été installées dans de nouveaux lotissements et dans des villes qui avaient déjà un service de livraison à domicile. Malgré certaines réticences, le tout était fait avec respect. Il faut dire qu'à l'époque, dans toute l'organisation, du président aux gestionnaires, le message était le même : il faut consulter, et surtout, s'assurer que la population soit bien informée. Notre devise était : « Le client d'abord ».

Une organisation déconnectée

Aujourd'hui, nous faisons malheureusement face à une organisation complètement déconnectée de la population. Aucune communication intelligente et structurée. On veut installer des boîtes dans toutes les grandes municipalités du Canada, ce qui est complètement irréaliste : il n'y a presque pas d'espace pour installer ces boîtes. Et que dire des personnes âgées, pour qui l'accessibilité serait presque inexistante ? Il y en aurait encore long à dire. Mon père, qui a été facteur pendant 35 ans, doit se retourner dans sa tombe.

Des changements dans la livraison du courrier sont nécessaires pour rentabiliser Postes Canada, mais il n'est pas nécessaire qu'ils impliquent toujours des baisses de services à la population. Par exemple, on pourrait livrer le courrier résidentiel deux jours par semaine au lieu de cinq. Cette alternative a été évoquée il y a plus de 25 ans, mais dénoncée par les syndicats, qui étaient très forts à l'époque. La ministre responsable n'a pas dit un mot à propos de cette mesure. Cela démontre le laisser-faire de ce gouvernement, qui agit sans se soucier des impacts de ses décisions sur les services à la communauté.

Les organismes concernés et les maires doivent continuer de monter aux barricades. Il y a sûrement moyen d'apporter des changements sans que la population en paie toujours le prix. Sinon, finissons-en, et privatisons le service de livraison du courrier.