Le ministre du Développement durable, de l'Environnement, de la Faune et des Parcs, Yves-François Blanchet, annonçait la semaine dernière qu'il présentera au cours des prochaines semaines un projet de loi visant à instaurer un moratoire sur l'exploration et l'exploitation du gaz de schiste au Québec.

Dès lors, il respectait bien sûr une promesse faite par son parti au cours de la dernière campagne électorale. Mais il allait aussi dans le sens d'une fâcheuse tendance qui s'est établie au Québec et qui vise à suspendre, à contester ou à interdire toute tentative de développement économique tant que la preuve n'aura pas été faite, et ce, de façon absolue, que ce développement ne comporte aucun risque, aussi minime soit-il.

On observe aussi ce même phénomène dans le dossier de l'exploration pétrolière à Gaspé et, bientôt, aux Îles-de-la-Madeleine, ainsi que dans le dossier du Plan Nord, dans celui du renversement de débit du pipeline no 9 de la firme Enbridge, et dans combien d'autres encore!

Existe-t-il pourtant des activités humaines ne comportant absolument aucun risque? Ne devrions-nous pas aspirer plutôt à exploiter à leur plein potentiel, de façon responsable et raisonnable, ces immenses richesses naturelles dont le Québec dispose après nous être assurés que cette activité se fera de façon sécuritaire, en fonction de normes qui s'appliquent partout à travers le monde, et en fournissant des réponses aux inquiétudes exprimées par des populations directement touchées? Pourquoi tourner le dos encore plus longtemps à la prospérité?

En créant de l'incertitude par des moratoires, des études qui n'en finissent plus ou des règlements par rapport à la plupart des projets de développement qui sont proposés, le Québec lance un message aux investisseurs: ce n'est pas le temps d'investir ici! Au Québec, nous appliquons un principe de précaution extrême. Nous sommes riches de nos peurs. Nous nous assoyons sur notre potentiel pendant que les autres progressent.

Le Québec aspire à une grande qualité de vie, mais il refuse souvent de s'en donner les moyens (autrement qu'à crédit). Nous avons souvent fait des blagues à l'endroit de nos cousins pauvres de Terre-Neuve, alors que ce sont eux maintenant qui, par l'exploitation responsable de leurs ressources naturelles et par les sommes qu'ils versent par conséquent en péréquation, acquittent une partie des coûts de nos généreux programmes sociaux.

Gels, moratoires, consultation sur consultation, autant de mots pour exprimer la procrastination. Autant de façons de remettre à demain, de noyer le poisson et de regarder passer le train. Ne devrait-il pas en être autrement?