L'horreur de la fusillade de Newtown a relancé le débat sur le contrôle des armes à feu aux États-Unis, où 6 des 12 pires fusillades de l'histoire du pays ont eu lieu depuis 2007. Barack Obama était favorable à un resserrement du contrôle des armes à feu avant d'accéder à la présidence, mais c'est plutôt le contraire qui s'est produit pendant son premier mandat.

Quelque chose semble avoir changé vendredi dernier. Le président a promis des «actions significatives pour prévenir de telles tragédies dans l'avenir». Sa réaction empreinte d'émotion donnait le goût d'y croire.

Y parviendra-t-il? Les obstacles sont nombreux, mais pas infranchissables.

D'abord, même si les tueries à grande échelle deviennent plus fréquentes, les homicides par armes à feu sont en baisse depuis une trentaine d'années, tout comme l'appui du public aux mesures de contrôle. Selon Gallup, en 1980, quatre Américains sur cinq souhaitaient un contrôle plus strict des armes à feu. Depuis 2008, cette opinion est minoritaire et continue de baisser, même si la proportion des Américains qui possèdent une arme est aussi en baisse.

Qui plus est, selon l'institut de recherche Pew, les fusillades d'Aurora (juillet 2012), de Tucson (janvier 2011) et de Virginia Tech (avril 2007) n'ont eu aucun effet sur l'appui à un resserrement des contrôles dans l'opinion publique. Pew note aussi que, depuis 2007, la proportion des Américains qui considèrent de tels événements comme des cas isolés est passée de 47 % à 67 %, alors que ceux qui y voient le reflet d'un problème social sont passés de 46 % à 24 %.

Une des victoires du lobby des armes est d'avoir recentré le cadre du débat davantage sur les droits des propriétaires d'armes que sur la sécurité du public. Ce pourrait aussi être le cas chez nous, mais ça, c'est une autre histoire.

Pourtant, les contrôles ont un impact. Parmi les 50 États américains, il y a un fort lien négatif entre la vigueur du contrôle des armes à feu et le nombre de morts violentes attribuables à ces dernières. Il est aussi vrai que certaines mesures de contrôle recueillent de forts appuis dans l'opinion.

Toutefois, les politiciens hésitent à confronter le lobby des armes et le président Obama ne fait pas (encore) exception. La tragédie de Newtown y changera-t-elle quelque chose? Pas sûr, mais il y a des signes encourageants.

La polarisation

D'abord, la polarisation de l'électorat fait en sorte que les attaques sur cet enjeu ont une portée limitée, surtout au niveau présidentiel. Comme la polarisation a permis à Obama de garder ses appuis malgré la crise économique, elle pourrait lui permettre d'agir dans le domaine du contrôle des armes à feu sans trop perdre de bénéfice politique.

Dans son premier mandat, le président Obama a souvent été contraint de reculer devant ses adversaires. Sa réélection lui a redonné l'initiative, mais un recul sur un engagement aussi clair serait un aveu de faiblesse. Les promesses du président à la suite de la tragédie de Newtown ne seront pas faciles à tenir, mais il aura intérêt à leur donner suite.