Elle avait 15 ans, Amanda Todd. Elle était la plus seule au monde, la plus abandonnée. Dans cette vidéo de neuf minutes, publiée le 7 septembre sur YouTube, elle racontait son histoire, sans parler, faisant défiler des petits cartons. Le dernier était le plus bouleversant: «Je n'ai personne. J'ai besoin de quelqu'un. Mon nom est Amanda Todd.» Elle s'est suicidée le 10 octobre chez elle à Vancouver.

Le drame d'Amanda Todd, c'est celui du harcèlement et du taxage dont les enfants vulnérables sont les proies faciles. Dans son histoire à elle, elle parle d'un mystérieux agresseur qui la tourmentait et la manipulait.

Cette tragédie nous fait penser à la fragilité de nos enfants immergés dans cette société des réseaux sociaux où, en l'espace d'un clic, ils peuvent jouer leur vie. Souvent, les parents ne voient pas venir les drames qui les affectent. Et quand ils les voient, il est trop tard. Parler à nos enfants, décrypter leurs silences, leurs inquiétudes, demande beaucoup d'habileté et de sensibilité.

La vie, c'est une création continue. Chaque être est détruit quand nous cessons de le voir. Depuis longtemps, personne ne voyait plus Amanda. Elle était devenue invisible. Elle appelait à l'aide, mais personne ne répondait. Quelqu'un avait oublié de lui dire qu'elle était unique au monde. Qu'elle apportait sur la Terre quelque chose qui n'avait pas existé auparavant. On ne dit jamais assez à nos enfants qu'on les aime.

Que peut-on faire aujourd'hui pour rendre hommage à Amanda Todd? Lui dire qu'on ne l'oublie pas. Je pensais à cette phrase de Saint-Mathieu: «On n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais on la met sur le candélabre, afin qu'elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison.»

Pourquoi ne pas allumer cette semaine une chandelle dans notre maison en hommage à Amanda Todd? Bien la placer pour que tout le monde la voie. Ce sera un beau témoignage pour cette enfant de 15 ans qui a brûlé comme une bougie. Une bougie consumée dans la nuit glaciale de la plus profonde solitude.