Ceux qui ont lu Le pouvoir anticancer des émotions le savent: ce livre ne parle pas de pensée magique ni ne propose de cure miracle. Il prône plutôt un réalisme face à la mort et à la maladie.

Il traite non seulement des émotions, mais aussi de la connexion corps-esprit et de la conscience. Il est en concordance avec un virage important au sein de l'oncologie: l'oncologie intégrative. Cette approche s'intéresse au traitement médical du cancer, mais aussi au «terrain» de la maladie et, par conséquent, à la prévention, ainsi qu'à la vie après le traitement. L'intention du livre est d'apporter une perspective nouvelle en regard des dernières découvertes scientifiques, qui démontrent que les gènes ne sont pas notre destin et que l'ADN interagit avec l'état mental.

Une multitude d'études récentes démontrent qu'on ne peut plus uniquement faire la guerre aux cellules cancéreuses sans tenir compte de l'environnement dans lequel elles évoluent. Cet environnement comprend la souffrance psychique et ses médiateurs chimiques. Ceux qui s'attardent aux anciennes études négatives (soit celles n'ayant pas réussi à prouver ce lien) négligent l'importante quantité d'études positives, dont une méta-analyse récente, ainsi qu'une toute nouvelle étude de l'Université de l'Ohio, menée sur une période de 11 ans, démontrant que les thérapies de soutien psychologique peuvent augmenter la durée de survie des patients atteints de cancer et réduire les risques de récidives. Le neuropsychiatre David Servan-Schreiber, qui prônait une approche intégrative, a «défié» ses statistiques médicales alors qu'il était atteint d'un cancer fulgurant: il a vécu trois fois plus longtemps que la médiane des patients dans sa situation.

Si ces récentes découvertes nous ouvrent de nouvelles voies très prometteuses, insistons toutefois sur quelques points importants:

1. Le cancer est une maladie complexe et multifactorielle. Le cancer n'est pas une maladie psychologique et le «stress» n'est pas la cause du cancer.

2. Il n'y a pas de recette miracle pour le bien-être, et seuls les traitements médicaux peuvent mener à la guérison. Le bien-être peut diminuer les douleurs et les effets secondaires des traitements, améliorer l'adhérence au traitement, jouer sur les habitudes de vie ou intervenir dans les processus d'autoguérison du corps (en anglais, healing), mais il ne peut pas guérir un cancer.

3. Les traitements complémentaires présentés dans ce livre, tel que l'hypnose, le yoga et la méditation ne sont pas «ésotériques», ont été validés scientifiquement et sont même déjà accessibles au sein des plus grandes institutions oncologiques. Une quantité importante de patients en font déjà usage, car ils apprécient la possibilité de participer à leur thérapie. Il a même été démontré qu'elles peuvent permettre de réduire les coûts relatifs aux soins de santé et aux hospitalisations. Cela dit, si elles n'offrent aucunement une garantie de succès, rappelons-nous qu'il en va de même avec nos traitements dits conventionnels. Est-ce là une raison valable pour écarter un ajout bénéfique au traitement?

Je suis un médecin spécialiste et je suis fier de travailler quotidiennement au raffinement des techniques de traitement du cancer, mais je suis aussi persuadé que nous aurions avantage à modifier certaines croyances afin d'améliorer la qualité des soins dispensés. À moins de jouer à l'autruche, il y a suffisamment de preuves qui démontrent maintenant que le mal-être brime non seulement la qualité de vie, mais peut aussi affecter négativement les résultats médicaux. Je crois fermement qu'en tant que médecin, ignorer ces informations émergentes serait aller à l'encontre de mon devoir.