Un débat fait rage en ce moment à propos des compteurs dits «intelligents» qu'Hydro-Québec désire déployer. Il n'est pas dans notre intention de nous prononcer sur la pertinence économique de ce projet. Nous nous restreindrons aux risques sur la santé du rayonnement électromagnétique dans le domaine des radiofréquences que génèrent ces compteurs afin de transmettre à Hydro-Québec la consommation en électricité de ses abonnés.

À ce propos, l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA) a publié le 18 janvier dernier un communiqué qui invite Hydro-Québec à suspendre son projet. Ce communiqué contient des erreurs factuelles tellement grossières qu'il est permis de s'interroger sur la compétence scientifique de ceux qui l'ont rédigé.

La principale d'entre elles se lit comme suit: «La densité de puissance à un mètre des compteurs dépasserait, selon le modèle de compteur utilisé, de 671% à 4980%  la recommandation d'exposition extérieure de long terme (norme de 0,6 V/m ou 1000 uW/m2 extérieurs) de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe ...». Ces chiffres, tirés d'un rapport rédigé par la société Expertise électromagnétique environnementale 3E inc., mandatée par l'AQLPA, sont invraisemblables puisqu'ils impliquent qu'à une distance de 10 cm, ces compteurs dépasseraient même la norme canadienne qu'Hydro-Québec doit respecter pour avoir l'autorisation de les installer.

Il serait trop long de commenter la pertinence de la recommandation de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, dont on cherche en vain une quelconque justification scientifique. Ce qui est par contre avéré, c'est que cette recommandation a trait «à l'exposition à long terme», c'est-à-dire à la valeur de la densité de puissance moyennée sur une longue période de temps. Or, le communiqué de l'AQLPA confond la valeur moyenne avec la valeur maximale de la densité de puissance de l'émission.

Selon le rapport de 3E Inc., la valeur moyenne de la densité de puissance générée par les compteurs d'Hydro-Québec qui ont été testés ne dépasse pas 52 uW/m2 à 1 m, soit à peine plus de 5% de la norme recommandée par le Conseil de l'Europe. L'AQLPA n'a donc aucune raison scientifique de décrier les compteurs, qui sont sans danger pour la santé.

Il est bon de rappeler que nous sommes tous plongés en permanence dans du rayonnement électromagnétique dans le domaine des radiofréquences dont les densités de puissance sont beaucoup plus élevées que celle générée par les nouveaux compteurs d'Hydro-Québec.

Par exemple, Télé-Québec opère au Stade olympique une antenne de 15 000 W. À elle seule, cette antenne émet des impulsions dans le domaine des radiofréquences dont la densité de puissance moyenne à 1000 m de distance est supérieure de 20 fois à celle mesurée à 1 m des compteurs d'Hydro-Québec.

En toute logique, avant de partir en croisade contre Hydro-Québec, l'AQLPA devrait exiger l'arrêt des émissions hertziennes de Télé-Québec, ainsi d'ailleurs que celle de toutes les autres stations de télévision et de radio.