Lors des dernières élections québécoises, environ trois personnes sur 10 n'ont pas voté.

Est-ce un message au «système»? Pas vraiment. Mauvaise nouvelle pour les abstentionnistes : votre silence ne veut rien dire.

Selon un cliché, l'abstentionnisme deviendrait aussi populaire que les autres grands partis. Mais les gens qui boudent le vote ne forment pas un «parti».

Leurs raisons varient. Manque d'intérêt. Manque de temps. Pépin de dernière minute. Et, dans une minorité des cas, protestation assumée contre la classe politique. Bref, les non-électeurs ne forment pas un groupe aux motivations homogènes.

On ne peut donc tirer un message clair de ces abstentions. Et même s'il y avait un message, personne ne l'écoute. Car même si les politologues s'inquiètent du taux de participation, les gouvernements s'en accommodent. Tant que ceux qui votent les élisent...

Il n'y a rien à gagner à ne pas voter.

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On n'en déduit pas que le vote devrait être obligatoire, comme en Australie ou en Belgique. Il existe tout autant un droit au vote qu'un droit à l'indifférence.

On ne prétend pas non plus que les abstentionnistes perdent leur droit de critiquer le gouvernement. La démocratie ne se résume pas au vote, et tous ont le droit de chialer - on en a d'ailleurs des preuves chaque jour.

On n'essaie même pas de culpabiliser les abstentionnistes en leur rappelant que des gens sont morts la face dans la boue pour gagner le droit de vote. Conservons cet argument pour la journée où notre État de droit sera en péril.

Insistons ici seulement sur un constat : même si l'abstention ne contient pas de message, elle a des conséquences concrètes. On connaît mal les motivations des abstentionnistes, mais on en sait plus sur leur profil socioéconomique. De façon générale, ils sont moins vieux, moins scolarisés et moins fortunés.

Ceux qui auraient le plus besoin d'aide du gouvernement sont donc ceux qui contribuent le moins à le choisir.

Bien sûr, notre démocratie représentative n'est pas parfaite. Bien sûr, les partis peuvent décevoir. Dans une société de huit millions de personnes avec des centaines d'enjeux politiques, il est impossible que chacun se retrouve parfaitement dans un parti. Mais une chose reste indéniable : les Québécois ont devant eux un réel choix. Il y a des partis à gauche, à droite, indépendantistes, fédéralistes, des partis qui défendent l'inclusion, d'autres qui protègent l'identité nationale. Ils proposent même différents modes de scrutin.

Notre démocratie représentative n'est pas parfaite, mais c'est la moins mauvaise qu'on ait trouvé. Alors, pourquoi ne pas essayer de l'améliorer encore un peu plus?

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