À la lumière des données publiées par Statistique Canada hier matin, on constate, encore une fois, que le poids du français diminue au pays. Lentement, mais sûrement. De quoi nourrir la peur de ceux qui croient qu'il est impossible d'échapper au déclin du français à long terme.

Dans l'ensemble du Canada, le français comme la langue maternelle est passé de 22% en 2011 à 21,3% en 2016; et comme langue d'usage à la maison, de 23,8% à 23,3%.

Ces données ne sont peut-être pas de bonnes nouvelles pour l'avenir du français, mais il y a une chose qui nous inquiète tout autant : le relâchement dans l'usage de la langue de Molière autour de nous.

Lorsqu'on sonne l'alarme, on passe pour un ringard ou un «nationaleux» nostalgique de Louis-Joseph Papineau.

Pourtant, il est désolant de constater le manque d'intérêt - entre autres parmi la génération née après l'adoption de la loi 101 (en 1977) - pour la protection de la langue française depuis quelques années. Comme si la défense de la langue appartenait à une époque révolue. Et que les acquis des francophones au Québec forment une police d'assurance vie...

Un charabia de chez nous

On ne veut pas jouer à la police de la langue ni à l'enseignant de français, mais il y a des limites à massacrer le français. En 2017, la langue officielle du Québec semble être devenue le charabia! Et pas seulement chez les participants d'Occupation double

En entrevue, on entend souvent des artistes ou des personnalités publiques s'exprimer dans un français hétéroclite, voire incompréhensible aux oreilles des auditeurs hors de leur tribu. Ces gens parlent un franglais coloré de néologismes, de diminutifs de phrases boiteuses et incomplètes.

C'est stupéfiant de réaliser que ceux qui font le métier de parler, de créer ou d'écrire en français bafouent ainsi leur langue.

On ne leur demande pas de chanter «une langue belle avec des mots superbes»... Tout simplement d'en être fier et de la respecter lorsqu'ils communiquent des opinions en public.

Un flou québécois

Lorsqu'on pense au Québec français, on se souvient tout de suite de Pierre Bourgault. La qualité du français a été l'un de ses combats. Toute sa vie, Bourgault a affirmé que «les Québécois souffrent» dans leur rapport à la langue. «Ils ont cette difficulté de nommer, de dire les choses. Un flou de l'expression qui découle d'une histoire et d'une situation politique remontant à la Conquête et l'abandon de la France», disait-il en 1997, en marge de la remise du prix Georges-Émile-Lapalme.

Pierre Bourgault était intraitable envers ceux qui ne respectent pas la langue. Cela dit, il reconnaissait que l'environnement était plus français, notamment à Montréal, dans les années 80 et 90 qu'il ne l'était 20 ans plus tôt. Et que les enfants de la Charte de la langue française parlent et écrivent mieux que les jeunes des années 50 et 60.

C'est bien beau, mais est-ce une raison pour malmener la langue de chez nous au point d'en faire un idiome, un jargon à la mode?

Si les Québécois se sont décolonisés et décomplexés avec le temps, ne devraient-ils pas trouver les bons mots pour le dire?

En plus de nous alarmer du déclin du français dans le paysage linguistique au Canada et au Québec, nous devrions aussi nous préoccuper de bien le parler. Avec fierté et excellence.

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