Qu'on le veuille ou non, le train de l'Est a quitté la gare. Et bien qu'il se dirige vers un énorme désastre financier, il est aujourd'hui impossible de l'arrêter.

Certes, il est tentant de vouloir faire marche arrière. À 700 M$, ce train de banlieue ne se justifie plus. Surtout en ajoutant les 200 M$ potentiels pour adapter le tunnel Mont-Royal.

Le projet, ne l'oublions pas, ne desservira que 11 000 passagers par jour. C'est peu. Pour un coût similaire (750 M$), le métro de Laval en transporte quotidiennement 60 000. Et pour la moitié du prix (300 M$), le futur bus express Pie-IX en déplacera... 70 000!

D'où la tentation d'abandonner le train de l'Est au profit d'une option plus raisonnable. Il aurait été plus simple pour l'AMT, malgré quelques irritants, d'implanter un train sur des voies existantes, de la gare Lucien-L'Allier à Mascouche, en passant par la station Concorde à Laval. En 2005, ce tracé qui évite le tunnel était évalué à 48 M$.

À cela l'Agence aurait pu ajouter le Via-Bus jusqu'à Repentigny, un projet pour lequel l'AMT a déjà dépensé 15 M$. Moins confortable que le train, cet autobus express aurait cependant été plus fréquent, moins cher et aurait permis de mettre de la pression sur la modernisation de Notre-Dame et le prolongement de la ligne bleue. En 2003, ce projet était évalué à 28 M$.

L'AMT a plutôt choisi un tracé bancal qui traverse Montréal, s'arrête à Repentigny, puis remonte jusqu'à Mascouche. Et ce, même s'il fallait ajouter 13 km de voies ferrées. Même s'il fallait construire en plein milieu d'une autoroute. Même si le temps de déplacement était évalué à 62 minutes. Même si le BAPE a questionné la pertinence de ce parcours.

Mais aussi boiteux que soit le train de l'Est, on ne peut plus l'arrêter. La construction des gares, d'un pont d'étagement routier et de deux ponts ferroviaires est avancée. Près de 30% du projet est complété, 208 M$ ont déjà été dépensés et 427 M$ sont engagés. Montréal n'a pas besoin d'un autre éléphant blanc...

Et cela, sans parler de ces citadins qui ont acheté des maisons le long du parcours, avec pour objectif de faire exactement ce qu'on leur demande: se concentrer autour des axes de transport collectif. Difficile de faire table rase et de recommencer à zéro, d'autant que l'Est attend une desserte depuis trop longtemps.

On n'a donc d'autre choix que de se pincer le nez, de laisser rouler le train de l'Est... et de demander au vérificateur général de se pencher sur ce gouffre financier. Un simple comité de gestion du projet ne suffit pas. Il faut savoir si ce dérapage remet en cause la réalisation en mode accéléré? Si le problème est endémique à l'AMT? Si un simple changement de direction permettra d'éviter d'autres dérapages?

On ne peut pas abandonner à ce stade-ci de sa course. Mais on peut minimiser les chances que d'autres projets s'emballent à leur tour.

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