Notre-Dame de Paris était, jusqu'à lundi soir, la cathédrale la plus visitée d'Europe. Et, chose stupéfiante à notre époque, les quelque 12 millions de touristes qu'elle accueillait chaque année y entraient gratuitement. Le moment est venu, pour le reste du monde, de faire preuve de générosité envers la France et de lui offrir des appuis plus concrets que de belles paroles.

Notre-Dame de Paris a beau être un joyau français, son inscription à la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO il y a près de 30 ans en a fait une responsabilité collective qui va bien au-delà de la chrétienté.

Il ne s'agit pas seulement d'empathie : nous avons tous perdu une part de sens et de beauté dans cet incendie.

Le président Emmanuel Macron a promis hier une reconstruction d'ici cinq ans, à temps pour les Jeux olympiques de 2024. L'objectif est ambitieux, trop peut-être, mais laissons aux Français le soin d'en juger. Ils sont parfaitement capables de le faire par eux-mêmes.

La France, qui a su garder ses savoir-faire bien vivants, ne manque pas non plus de compétences pour cette reconstruction. Le Louvre a déjà pris en main la restauration des peintures et de nombreux corps de métiers seront appelés à contribuer à la renaissance du bâtiment.

Ce grand pays est aussi parfaitement capable de mobiliser sa population. Une souscription nationale a été lancée hier à l'intention des citoyens français et de nombreuses administrations régionales ont déjà promis d'y contribuer.

De plus, les dons annoncés par les grandes sociétés et familles françaises avoisinaient déjà les 700 millions d'euros en fin de journée hier. Et c'est sans compter les dons en biens et services, du bois de chêne au transport aérien en passant par l'expertise en matière de verre et d'électricité.

Des donateurs ont aussi commencé à se manifester de l'étranger. L'économiste canadienne Marie-Josée Kravis et son mari Henry Kravis, de la firme d'investissement KKR, ont notamment annoncé 10 millions de dollars américains. Le grand patron d'Apple, Tim Cook, a également promis une contribution de la société californienne. Il y en aura d'autres. On aimerait d'ailleurs que la société Ubisoft, qui a beaucoup exploité l'image de la cathédrale tant dans la conception que dans la promotion de son célèbre jeu Assassin's Creed Unity, ne se contente pas de fournir son imagerie 3D qui lui amène tant de visibilité gratuite ces jours-ci, mais sorte aussi son chéquier.

Des voix s'élèvent toutefois en France pour dénoncer les déductions fiscales de 60 % sur les dons de grandes fortunes, qui auront pour effet de refiler la majeure partie de la facture aux contribuables. L'entraide, on le voit bien, ne peut pas être qu'une affaire de mécénat.

Ottawa et Québec n'avaient rien de concret à annoncer hier, disant attendre que la France exprime ses besoins. Il est tôt, c'est vrai.

Mais il faudrait commencer à proposer des solutions tangibles, quitte à les remplacer par d'autres si elles ne conviennent pas.

La France, ne l'oublions pas, a toujours été généreuse de sa culture. On pense spontanément à la statue de la Liberté, offerte à la fin du XIXe siècle et devenue l'un des monuments les plus célèbres des États-Unis. Mais Montréal n'est pas en reste. Pensons à la fontaine Wallace, au parc Jean-Drapeau, donnée par la Ville de Paris à l'occasion des Floralies. Et à la sculpture Les touristes, offerte elle aussi par la Ville de Paris à l'occasion du 375e anniversaire de Montréal, si populaire auprès des visiteurs du Vieux-Montréal. Sans compter la venue de nombre d'expositions, d'écrivains et d'artistes français à laquelle le consulat s'est associé au fil des ans.

La petite ville hongroise de Szeged, qui compte moins de 200 000 habitants, a annoncé hier un don de 10 000 euros. L'aide de Paris, a-t-elle rappelé, avait été fort appréciée lors de sa grande inondation... il y a 140 ans.

Tâchons pour notre part de nous rappeler qu'en de tels moments, le geste porte plus que de simples paroles et compte même pour celui qui n'est pas démuni.

Voyez la fontaine Wallace.

Voyez la sculpture Les touristes.

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