Les problèmes de santé que vous dévoilez sur internet ne peuvent pas être utilisés n'importe comment par les annonceurs, a rappelé le Commissariat à la protection de la vie privée du Canada cette semaine. Google promet de rectifier le tir, mais la situation demeure préoccupante.

Vous utilisez le moteur de recherche de Google pour vous informer sur les appareils destinés à traiter l'apnée du sommeil. Un mois plus tard, ces engins continuent à apparaître partout où vous naviguez, sur des sites qui n'ont rien à voir avec l'apnée du sommeil. Vous avez beau redémarrer votre ordinateur, les pubs sont encore là. Le consommateur qui a porté plainte au Commissariat n'a pas apprécié. Et il a eu raison. Les informations sur la condition médicale d'un individu sont considérées comme sensibles et ne devraient pas être recueillies à des fins de ciblage publicitaire, confirme l'organisme fédéral dans une enquête rendue publique cette semaine.

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Si l'apnée du sommeil vous semble un problème banal, pensez dépression, avortement, infection transmise sexuellement, cancer, bref n'importe quelle question de santé dont vous n'avez pas envie d'entendre parler à tout bout de champ. Le genre d'information que vous n'avez pas envie de partager non plus - ce qui risque néanmoins d'arriver si vous avez effectué votre recherche sur un cellulaire, dont l'historique de navigation peut être capté par les commerces équipés à cette fin.

Les services de pub sur internet en savent souvent plus que votre médecin sur vos petits bobos. Mais contrairement à lui, ils ne sont pas tenus au secret professionnel.

Certains, toutefois, ont un code de conduite volontaire. C'est le cas de Google, dont la politique de confidentialité interdit d'associer un témoin (cookie) à des données considérées comme sensibles (race, religion, orientation sexuelle, état de santé). Les pubs d'appareils de traitement de l'apnée diffusées par son service AdSense contrevenaient à sa propre politique, a conclu le Commissariat. Le géant de la recherche s'est engagé à resserrer ses contrôles.

Google a beau avoir l'habitude des plaintes et poursuites pour non-respect de la vie privée, c'est une multinationale cotée en Bourse qui a une image à préserver. On ne peut pas en dire autant de toutes les entreprises qui oeuvrent dans la publicité comportementale en ligne. Si un service de diffusion ou un annonceur décide de faire la sourde oreille, le Commissariat n'a pas grand moyens de le ramener à l'ordre.

Les développements technologiques ont multiplié les possibilités de fuites de données, souvent à notre insu. Le gouvernement Harper, qui aime tant se poser en champion des consommateurs, devrait renforcer la loi et le mandat du Commissariat pour les rendre plus dissuasifs. Autrement, la défense de nos renseignements personnels deviendra de plus en plus théorique.

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