Le long terme. C'est l'horizon vers lequel Michael Sabia tente d'orienter les regards chaque fois qu'il défend son bulletin annuel. Trois ans et demi après son arrivée à la tête de la Caisse de dépôt et placement du Québec, force est de reconnaître que lui et son équipe ont fait plutôt bon usage de leur temps.

La Caisse a obtenu un rendement de 9,6% pour l'année 2012. C'est un peu plus que son propre portefeuille de référence (9,3%) et que la médiane des régimes de retraite canadiens calculée par la firme RBC Investors Services (9,4%). La performance annoncée hier porte le rendement annuel moyen à 9,2% pour les quatre dernières années, ou 9,0% depuis trois ans. La stratégie de recentrage, de rééquilibrage et de réduction du risque amorcée en 2009 tient la distance.

Il s'agit des quatrièmes résultats annuels que Michael Sabia présente aux Québécois. Mais cette année 2012 est aussi une sorte d'an 1 de notre bas de laine collectif. Après trois années perdues à réparer le désastre de 2008, l'actif net a enfin recommencé à progresser, une première depuis 2007.

La Caisse traîne encore des casseroles, dont cet infâme papier commercial rebaptisé BTAA (billets à terme adossés à des actifs) qui ne vaut toujours que 80 cents par dollar. Cependant, elle semble enfin avoir retrouvé son chemin - il aurait été préférable qu'elle le fasse plus rapidement, mais elle revenait de si loin...

Sur certains terrains, toutefois, les équipes tâtonnent encore et peinent à déterminer la bonne trajectoire. L'équilibre entre les marchés boursiers et obligataires, par exemple, était loin d'être optimal l'an dernier, et le positionnement du portefeuille d'actions canadiennes reste à peaufiner.

Les investissements de plus de 8 milliards de dollars réalisés sous différentes formes depuis 2009 ont propulsé l'actif total de la Caisse en sol québécois à plus de 47 milliards. La direction n'en divulgue pas la performance, mais elle est visiblement très fière de ses efforts. Ni les mandats d'arrêt lancés hier par l'UPAC contre deux ex-dirigeants de SNC-Lavalin, ni les allégations faites devant la commission Charbonneau à propos Genivar n'ont réussi à ébranler sa confiance envers ces deux entreprises.

Michael Sabia a beau répéter que les investissements locaux sont motivés par leur potentiel de rendement, ils lui donnent aussi des munitions contre tous ceux qui trouvent que la Caisse n'en fait jamais assez pour les entreprises québécoises. Cette belle médaille a toutefois son revers. En multipliant ses engagements ici, l'institution accroît aussi les probabilités de se retrouver dans des dossiers délicats pour lesquels elle devra s'expliquer et se justifier.

Espérons que la direction gardera le cap dans de telles circonstances, et que c'est le potentiel réel de ces investissements, et non la crainte de nuire à une entreprise locale ou de déplaire à des élus, qui continuera à déterminer ses choix.

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