« Trahison ? », a suggéré Donald Trump sur Twitter après la publication de la tribune anonyme à son sujet dans le New York Times cette semaine.

Pour une rare fois depuis qu'il est président, sa femme, Melania, a pris sa défense. « Vous ne protégez pas ce pays, vous le sabotez par vos actes lâches », a-t-elle déclaré au sujet de l'auteur de la tribune.

On peut comprendre les réactions du président américain et de sa femme face à cette humiliation. Mais le fait est qu'ils ont tort sur toute la ligne.

Le « haut responsable » qui a signé ce texte, tout comme ses alliés qui font partie de « la résistance au sein de l'administration » ne sont ni des traîtres ni des saboteurs. C'est tout le contraire.

Donald Trump n'a jamais fait la distinction entre sa propre personne et son pays.

On raconte que le roi de France Louis XIV aurait dit : « L'État, c'est moi ! » Tout près de 400 ans plus tard, le président républicain semble assez arrogant et égocentrique pour penser la même chose. « Les États-Unis, c'est moi ! »

Or, le fait est que l'auteur de la tribune a raison d'écrire que les employés de l'administration américaine doivent servir leur pays avant tout. Empêcher son président de commettre des erreurs dont l'impact serait funeste n'est donc pas un acte de trahison. C'est tout simplement faire passer son pays en premier.

D'ailleurs, puisque les États-Unis demeurent la première puissance mondiale (et notre incontournable voisin), ces membres de la « résistance » protègent aussi le reste du monde en évitant au président de commettre l'irréparable.

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Ça ne signifie pas que l'idée de raconter tout ça dans le New York Times, sous le couvert de l'anonymat, était une bonne idée. C'était plutôt une erreur stratégique. Ça donne raison à Donald Trump et à certains de ses alliés les plus idéologiques qui prétendent depuis le début que « l'État profond » met des bâtons dans les roues du président.

Ceux qui estiment que la démocratie américaine est une mascarade et tous les autres amateurs de théories du complot pourront maintenant brandir ce texte comme une preuve irréfutable qu'ils avaient raison de ne pas faire confiance au système.

La vérité est bien différente. Il n'y a là aucun complot. Les membres de l'entourage de Donald Trump qui ont décidé de « contrecarrer des parties de son programme et ses pires instincts » se comportent seulement comme des amis qui cachent les clés de l'auto de leur vieux pote à chaque fois qu'il a trop bu.

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Ces rebelles au sein de l'administration ne sont pas des traîtres, donc. En revanche, ils ne sont pas non plus des saints puisqu'ils refusent de rompre le pacte avec le diable qu'ils ont signé en acceptant de travailler pour Donald Trump. Comme d'ailleurs la vaste majorité des républicains à Washington.

Même s'ils jugent Donald Trump moralement inapte à être président, ils sont prêts à le tolérer parce qu'il fait progresser bon nombre de leurs idées.

Réduire les impôts de façon marquée et faire grimper le budget de la Défense, par exemple.

Les républicains qui se comportent de cette façon donnent l'impression aux plus fervents partisans du président que tout va très bien, madame la marquise. Ils ne servent leur pays qu'à moitié puisqu'ils dupent leurs concitoyens. Qu'ils cautionnent l'existence même de la présidence Trump.

Ils commettent aussi l'erreur de croire que le passé est garant de l'avenir. Or, rien ne garantit que les « adultes dans la pièce » qui entourent Donald Trump pourront réprimer à tous les coups ses pulsions les plus dangereuses.

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