Un peloton d'exécution.

L'expression a été utilisée pour décrire une rencontre inhabituelle cette semaine à New York. Donald Trump avait invité quelques dizaines de journalistes et dirigeants des grands réseaux américains. Il a tiré sur eux à boulets rouges.

« Trump n'a pas cessé de dire : nous sommes dans une pièce pleine de menteurs, de médias malhonnêtes et mensongers qui avaient tout faux », a rapporté le New York Post.

Bref, plus ça change, plus c'est pareil. Rappelons-nous : au cours de la campagne, les tirades belliqueuses de Trump à l'égard des médias se sont multipliées. Il a révoqué les accréditations de certains journalistes. Il a même menacé de « durcir les lois sur la diffamation ».

Cela dit, il est inquiétant de voir que même élu, Donald Trump poursuit avec un zèle renouvelé sa critique des médias.

Seule bonne nouvelle : il a consenti à répondre aux questions, mardi, des journalistes du New York Times. Et s'il a fini par faire l'éloge du prestigieux journal, il avait d'abord annoncé qu'il ne participerait pas à la rencontre, affirmant sur Twitter que le quotidien continue de le couvrir de façon « inexacte, avec un ton méchant ».

Notons par ailleurs que, contrairement à la tradition, le président désigné n'a tenu aucune conférence de presse officielle.

Les journalistes américains s'inquiètent donc, non sans raison, de l'accès dont ils bénéficieront lorsque Donald Trump aura remplacé Barack Obama.

Deux choses importantes doivent être dites et répétées à propos de la façon dont le politicien républicain diabolise les médias.

Premièrement, ses critiques ne correspondent pas à la réalité. Plusieurs médias ont carrément donné un sérieux coup de pouce à sa candidature. Particulièrement les médias électroniques, qui ont longtemps diffusé ses discours dans leur intégralité. L'équivalent de 5,2 milliards en publicité gratuite, a estimé une étude de la firme mediaQuant.

Deuxièmement, Donald Trump fait semblant de n'avoir rien compris au rôle des journalistes. Peut-être faut-il le rappeler ? « Notre métier n'est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie », a dit, jadis, le reporter français Albert Londres.

Traduction libre : le journaliste est là pour chercher les bobos. Il est aussi là, ensuite, pour les gratter.

Et le fait est que Donald Trump, candidat hors norme qui ment souvent effrontément, en avait beaucoup. Des petits et des gros. Et il tentait de les dissimuler.

Bien sûr qu'il faut faire preuve d'un sain scepticisme par rapport aux médias, mais il faut surtout se méfier de ceux qui rêvent de s'en débarrasser et cherchent à réduire leur influence.

La stratégie Trump ? Lorsqu'on veut noyer son chien, on dit qu'il a la rage.

Donald Trump et les républicains contrôleront bientôt la Maison-Blanche ainsi que les deux chambres du Congrès américain. Le travail des journalistes américains ne sera pas facile. Peut-être même pénible. Mais il sera de la plus haute importance.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion