Les politologues américains disent souvent que le vote pour le président des États-Unis est une affaire tout à fait personnelle. Intime, même.

Ainsi, les sondeurs posent parfois une question toute simple aux Américains afin de prédire pour qui ils voteront. Ils leur demandent avec lequel des deux candidats ils souhaiteraient prendre une bière.

La réponse à cette question permet souvent de savoir qui gagnera la course à la Maison-Blanche.

Mais cette année, le duel - même s'il met en scène celle qui pourrait devenir la première femme élue à la présidence et un milliardaire qui était encore récemment une star de la téléréalité - est un véritable concours d'impopularité.

Et à quelques jours du scrutin, les Américains semblent avoir du mal à choisir avec qui ils voudraient prendre une bière.

« Je ne me souviens pas d'avoir déjà été aussi indécis », a déclaré un électeur de l'Ohio au Wall Street Journal cette semaine.

La plupart des électeurs du Wisconsin « aimeraient mieux avoir un traitement de canal ou une coloscopie [...] plutôt que d'entendre un mot de plus au sujet de Trump ou Clinton », estimait un consultant républicain de cet État, cité par le Washington Post.

Pourtant, jusqu'à tout récemment, Hillary Clinton avait une longueur d'avance. Son programme, la convention démocrate et les trois débats présidentiels lui avaient permis de redorer son blason. Elle tirait aussi profit des inepties de Donald Trump, dont l'étoile avait pâli.

De quoi donner à plus d'électeurs américains l'envie d'aller prendre une bière avec elle. Ou de lui demander de garder leurs enfants (c'est une autre question parfois posée par les sondeurs).

Mais la confiance à son égard a chuté dramatiquement la semaine dernière, lorsque le FBI a relancé son enquête sur la gestion de ses courriels à l'époque où elle était secrétaire d'État. Cette décision - qui risque fort de ne pas l'incriminer - a remis à l'ordre du jour les doutes qu'entretiennent bon nombre d'Américains au sujet de l'honnêteté d'Hillary Clinton.

Tout comme d'ailleurs les multiples révélations en provenance des courriels de son directeur de campagne, John Podesta, diffusés par WikiLeaks. Comme le fait qu'elle aurait su à l'avance deux des questions posées lors des débats avec Bernie Sanders.

Si Donald Trump termine en force cette course historique, c'est donc par défaut.

Car, on le sait en raison du ton et de la teneur de sa campagne, il n'est pas inoffensif. Il est offensant et menaçant.

Imaginer ce milliardaire imprévisible à la tête des États-Unis est préoccupant. Alors qu'on peut imaginer Hillary Clinton dans le Bureau ovale, malgré ses défauts, sans prendre peur.

Plusieurs Américains voteront néanmoins cette année en se pinçant le nez. Se rendre au bureau de vote sera pour eux l'équivalent d'une visite chez le dentiste. C'est désolant. Mais on aura du mal à le leur reprocher.

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