« Just watch me. »

Rendue célèbre par le premier ministre canadien Pierre Elliott Trudeau qui l'avait prononcée pendant la crise d'octobre, cette réplique a été utilisée par le maire de Montréal cet été. Souvenez-vous : Denis Coderre décriait alors la dalle de béton posée unilatéralement par Postes Canada dans un parc Éco-Nature.

« L'aménagement du territoire, ça m'appartient. Je vais l'enlever la dalle, moi. Just watch me », avait-il lancé. Quelques heures plus tard, il passait de la parole aux actes, empoignant un marteau-piqueur. C'était une mauvaise décision - digne d'un règlement de comptes à l'époque du Far West - annoncée de la mauvaise façon.

Or, voici que les cols bleus de Montréal décident de s'inspirer de la sortie revancharde du maire. Dans une vidéo qui circule depuis la semaine dernière, une vingtaine d'entre eux s'exclament, à tour de rôle : « just watch me ». Certains pointent vers l'écran un index menaçant alors que résonnent, entre deux explosions, les riffs de guitare criards du groupe AC/DC.

Le ton est donné. Le syndicat des cols bleus nous fait malheureusement (et maladroitement, en cette ère des réseaux sociaux) comprendre qu'il estime toujours que le rôle de fier-à-bras va comme un gant à ses membres.

Lundi, plusieurs cols bleus ont manifesté devant la résidence de Suzanne Roy, présidente de l'Union des municipalités du Québec. « De l'intimidation pure et simple », a-t-elle dénoncé.

La cerise sur le gâteau : mardi, quelques milliers de cols bleus ont acclamé l'ancien président de leur syndicat, Jean Lapierre, quand il a préconisé un retour aux « bonnes vieilles méthodes ». Ils se rencontraient à l'occasion d'une assemblée générale au Palais des congrès, considérée comme un arrêt de travail illégal.

Il suffit de lire entre les lignes pour comprendre que les activités prévues pour le 375e anniversaire de la ville en 2017 (date à laquelle l'actuelle convention collective arrivera à échéance) pourraient être perturbées. Et que les Montréalais vont en faire les frais.

En somme, les bonnes vieilles méthodes préconisées par M. Lapierre, ce sont les menaces et l'intimidation. Elles sont assurément vieilles : elles appartiennent à une autre époque et ont fait leur temps.

Mais elles ne sont pas bonnes. Non seulement elles ne fonctionneront pas, mais elles vont encore continuer à alimenter les préjugés à l'égard de l'ensemble des cols bleus.

Ainsi, ce qu'ils tenteront de dénoncer ou de revendiquer sera discrédité d'autant plus facilement. Ce qui, lors d'une négociation, ne peut pas jouer en leur faveur.

La bonne nouvelle, c'est que Denis Coderre n'a pas, contrairement à ce qu'il a fait contre Postes Canada, tenté de combattre le feu par le feu. « S'il y a des gens qui veulent me parler, je suis le gars le plus parlable en ville », a-t-il affirmé.

L'ouverture du maire rend d'autant plus répréhensible l'attitude belliqueuse des cols bleus.

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