La confiance à l’égard de la vaccination des enfants est en train de chuter à travers le monde, et c’est une très mauvaise nouvelle.

Un rapport récent publié par l’UNICEF nous apprend que l’hésitation vaccinale a bondi depuis la pandémie. Ce qui laisse craindre que « plus d’enfants mourront de maladies pourtant faciles à prévenir, comme la rougeole, le tétanos et la poliomyélite », a indiqué cette agence de l’ONU.

Les chiffres ne sont pas aussi catastrophiques au Canada que dans certains États d’Asie ou d’Afrique, mais le changement est assez marqué pour qu’il soit jugé très préoccupant.

En 2015, avant la pandémie, 90,5 % des Canadiens ont dit juger importante la vaccination des enfants. En 2022, le taux avait chuté à 82,3 %.

Un phénomène similaire s’observe au Québec, selon des chiffres recueillis par la chercheuse Ève Dubé, de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

En avril 2021, donc avant l’élargissement de l’offre de vaccination contre la COVID-19 à la population générale au Québec, 14 % des adultes étaient « hésitants à la vaccination » à travers la province. Deux ans plus tard, ce taux est désormais de 23 %.

C’est une situation extrêmement paradoxale. Les vaccins contre la COVID-19 n’ont peut-être pas permis d’éradiquer le virus, mais leur apport a été essentiel pour sortir de la pire crise sanitaire mondiale de l’histoire moderne. Ils ont sauvé des vies et ont permis de réduire les hospitalisations.

Et pourtant, depuis, on diabolise les vaccins plus qu’avant et on s’en méfie davantage.

Ça s’explique, bien sûr, et les raisons évoquées par les experts de la question sont nombreuses.

La désinformation, par exemple. Tout comme la perte de confiance à l’égard des autorités : gouvernements, experts, journalistes, etc. L’insistance mise sur les effets secondaires des vaccins aussi. Et, plus largement, la méfiance envers la science.

Pour certains, également, la vaccination est devenue une question politique, même si le phénomène semble moins problématique ici qu’aux États-Unis.

Mais il y a aussi le fait qu’on ne se rend pas assez compte de l’efficacité des vaccins.

C’est un cercle vicieux. Il y a moins de gens malades grâce aux vaccins. Mais quand il y a moins de gens malades, on s’inquiète moins des maladies contre lesquelles les vaccins nous protègent.

Le problème, c’est que tourner le dos aux vaccins pour cette raison, c’est un peu comme si on décidait de se débarrasser de notre parapluie pendant une averse parce qu’on n’est pas mouillé, pour paraphraser l’ancienne juge de la Cour suprême des États-Unis Ruth Bader Ginsburg.

Prenez une maladie comme la rougeole. Il est difficile de se rappeler à quel point elle faisait autrefois des ravages.

Le rapport de l’UNICEF souligne qu’« avant la mise au point d’un vaccin, en 1963, on estime que 2,6 millions de personnes dans le monde – principalement des enfants – décédaient chaque année des suites de la rougeole ». Une vraie catastrophe… évitable !

Parlant de rougeole, le Washington Post rapportait en décembre dernier que l’hésitation vaccinale aux États-Unis était à la source d’une recrudescence de cette maladie – on citait une éclosion dans l’Ohio qui s’était « propagée comme une traînée de poudre » – ainsi que de la varicelle.

Santé Canada précise qu’afin d’établir l’immunité collective pour la rougeole, la couverture vaccinale doit atteindre 95 % dans la population.

Or, dans l’Enquête nationale sur la couverture vaccinale des enfants en date de 2019, on signale que le taux d’enfants de 2 ans qui avaient reçu au moins une dose de vaccin contre la rougeole était de 90 %.

Le Québec, la même année, faisait un peu mieux, avec 92 % des enfants de 2 ans qui avaient reçu les deux doses de rougeole recommandées.

On n’a pas encore de chiffres plus récents, qui nous permettraient d’évaluer quel genre d’impact aura eu, sur les enfants, la diminution de la confiance à l’égard des vaccins.

Mais une conclusion s’impose déjà : la progression de l’hésitation vaccinale doit être freinée.

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