Ainsi, le Comité olympique canadien se dit maintenant ouvert à explorer un retour des athlètes russes aux Jeux olympiques de Paris dans deux ans.

C’est aussi pitoyable qu’embarrassant.

Et le plus désolant dans tout ça, c’est qu’à peu près personne n’est tombé en bas de sa chaise en apprenant la nouvelle.

Parce que déjà la semaine dernière, le Comité international olympique (CIO) avait fait savoir qu’il étudiait cette possibilité.

Pourtant, soyons clairs : le retour des Russes aux Jeux olympiques est inacceptable tant que la guerre en Ukraine ne sera pas terminée.

Ce flirt avec Moscou date de l’automne dernier. L’ineffable président du CIO, Thomas Bach, avait alors commencé un numéro de contorsionniste digne du Cirque du soleil visant à réintégrer la Russie par la porte d’en arrière.

Il avait par exemple évoqué un drapeau neutre pour les athlètes russes – comme ce fut le cas après un scandale de dopage historique – et la possibilité d’admettre uniquement ceux et celles qui ont « pris leur distance avec le régime » de Vladimir Poutine.

Désormais, on parle d’accueillir les athlètes qui n’auraient « pas activement soutenu » l’agression russe en Ukraine.

Si la tendance se maintient, plus on se rapprochera de la date des Jeux, plus la position du CIO va se ramollir.

Finira-t-on par inviter le président russe à participer à la cérémonie d’ouverture, un coup parti ?

Parce que plus les semaines passent, plus les dirigeants du mouvement olympique se comportent comme des bouffons du roi Poutine.

Penchons-nous un instant sur les propos du secrétaire général du Comité olympique canadien, David Shoemaker, rapportés par Le Devoir. Exclure des athlètes « uniquement sur la base de leur nationalité va à l’encontre des principes qui sont au cœur du mouvement olympique », a-t-il prétexté.

Diable ! Si c’est sur ce terrain qu’il souhaite vraiment mener le débat, il va se faire battre à plate couture.

Retournerait-il lire la Charte olympique qu’il ne professerait pas de telles âneries.

On y écrit que « le but de l’Olympisme est de mettre le sport au service du développement harmonieux de l’humanité en vue de promouvoir une société pacifique, soucieuse de préserver la dignité humaine ».

Messieurs Bach et Shoemaker vont avoir beaucoup de mal à nous expliquer en quoi accueillir les athlètes russes permettrait d’atteindre cet objectif.

Cette sale guerre n’est pas un conflit ordinaire auquel les démocraties occidentales peuvent répondre par un haussement d’épaules ou des demi-mesures.

C’est une guerre d’agression, la première en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, basée sur des prétextes absurdes et irrecevables.

C’est aussi un conflit basé sur les ambitions impérialistes d’une puissance mondiale qui a décidé d’annexer un voisin, faisant fi de l’intégrité territoriale d’une démocratie européenne.

Une guerre inutile où se multiplient les actes barbares des Russes, tant et si bien qu’on envisage la création d’un tribunal spécial pour juger les crimes de guerre commis.

À ce qu’on sache, Messieurs Bach et Shoemaker, l’olympisme n’a rien à voir avec la boucherie.

Il est clair que c’est la faiblesse de l’Occident face à la Russie qui a poussé Vladimir Poutine à attaquer l’Ukraine. Or, voici que les dirigeants du mouvement olympique l’incarnent, cette faiblesse.

Pourquoi ? En grande partie pour l’argent. On courtise cette fois la Russie comme on n’a jamais cessé de faire des courbettes devant la Chine, peu importe le comportement du régime au pouvoir. Les Jeux d’hiver de Pékin l’an dernier nous l’ont démontré une fois de plus.

« Il est évident que tout drapeau neutre des sportifs russes est taché de sang », a déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui a tenté de mettre un peu de bon sens dans ce débat qui ne tient pas debout.

Il a raison.

Certains diront que les athlètes n’ont rien à voir avec la guerre, mais c’est oublier que les Jeux olympiques sont des évènements sportifs autant que politiques.

Et politiquement, la situation est on ne peut plus claire.

Alors que des soldats russes massacrent des Ukrainiens pour satisfaire les rêves de grandeur d’un despote, l’idée de permettre la participation des athlètes russes à des Jeux olympiques qui vont se dérouler sur le même continent que cette guerre est insoutenable.

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