Le meilleur comme le pire émergent de la COP27 qui vient de se conclure à Charm el-Cheikh, en Égypte.

Mais si l’heure est au bilan de ce vaste exercice de négociation, tourner la page sur la COP27 signifie aussi qu’il faut déjà penser… à la COP28.

À la lumière de ce qui vient de se passer à Charm el-Cheikh, voici quelques suggestions sur la façon dont le Canada et le Québec peuvent se préparer à la prochaine grand-messe climatique mondiale.

Inscrire les dates au calendrier

Ce fut gênant. Alors qu’on débattait de l’enjeu le plus important de notre époque, ni Justin Trudeau ni François Legault n’ont daigné mettre le pied à la COP27.

Il est déjà temps d’inscrire la COP28 au calendrier des deux premiers ministres. Lieu : Dubaï (oui, oui, Dubaï. C’est hautement ironique, mais on débattra du sort de l’humanité dans une ville marquée par la démesure financée par les revenus pétroliers). Dates : du 30 novembre au 12 décembre 2023.

Trouver l’argent

C’est la grande percée de cette COP27 : ce fonds destiné à compenser les pertes et dommages des pays en développement qui subissent de plein fouet les changements climatiques.

L’avancée, réelle, témoigne de la solidarité internationale et il faut l’applaudir. Selon les observateurs, le Canada a d’ailleurs joué un rôle dans son adoption in extremis. Bravo.

On sait toutefois qu’en négociation climatique, chaque promesse brisée alimente la méfiance. Ce fonds, il faut maintenant le concrétiser et le financer. Alors que la récession pointe, le Canada devra trouver l’argent. L’accord stipule que les « sources privées et publiques » peuvent être mises à contribution.

Une suggestion : les compagnies pétrolières canadiennes se remplissent les poches actuellement avec l’inflation. Si le principe du pollueur-payeur veut dire quelque chose, elles doivent être mises à contribution.

Imposer un plafond au secteur pétrolier

Si l’accord conclu à la COP27 répond aux conséquences de l’urgence climatique, il échoue lamentablement à s’attaquer aux causes du problème.

L’incapacité des parties à s’entendre sur un texte qui appellerait à l’élimination progressive de tous les combustibles fossiles représente le grand échec de cette année.

Ceux qui croient à cet objectif – le Canada s’y est rallié à la dernière minute – doivent poursuivre les efforts diplomatiques pour qu’il se concrétise l’an prochain, surtout que la présidence assumée par Dubaï s’y opposera certainement.

Il sera toutefois difficile pour le Canada de plaider pour une décroissance des carburants fossiles si sa propre industrie pétrolière et gazière continue d’augmenter ses émissions.

Le ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault, a promis une réglementation pour 2023 qui fixerait un plafond d’émissions pour le secteur, puis planifierait une décroissance. Ce sera l’un des grands tests environnementaux du gouvernement Trudeau d’ici la COP28.

Mettre fin aux subventions pétrolières

Le texte final de la COP27 mentionne la nécessité de « supprimer les subventions inefficaces accordées aux combustibles fossiles ». Le Canada, qui verse des milliards de dollars chaque année à sa propre industrie pétrolière, a promis de cesser ses subventions dès le milieu de l’an prochain. À surveiller d’ici la COP28.

Implanter une mesure-phare au Québec

Pendant que le fédéral a plusieurs chaudrons sur le feu en matière de climat, on cherche encore une mesure-phare poussée par le gouvernement Legault que le Québec pourrait brandir d’ici la COP28.

Instaurer un bonus-malus sur les véhicules ? Interdire le gaz naturel dans les nouveaux bâtiments ? Inverser le financement public pour donner la part du lion au transport en commun plutôt qu’aux routes ? Ce ne sont pas les idées qui manquent, mais la volonté politique.

De nouvelles cibles ?

En vertu de l’Accord de Paris, le Québec et le Canada auraient dû annoncer une bonification de leur cible avant la COP27. Les groupes écologistes insisteront pour qu’ils le fassent d’ici la conférence de Dubaï. Cela est évidemment important.

Mais compte tenu de l’immense retard pris dans chaque cas, il nous semble plus fondamental de commencer à réduire concrètement les émissions canadiennes et québécoises que de gonfler les promesses sans se donner la capacité de les tenir.

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  • 3 %
    Réduction des GES au Québec en 2019 par rapport à 1990 (la cible pour 2030 est de 37,5 %).
    Source : Gouvernement du québec
    9 %
    Réduction GES au Canada en 2020 par rapport à 2005 (la cible pour 2030 est de 40 à 45 %).
    Source : gouvernement du canada