Il arrive un moment où les excuses et même les explications les plus convaincantes ne suffisent plus.

Il faut des résultats.

C’est ce qui se passe avec le Canada et le Québec à la COP27 sur le climat qui se déroule actuellement en Égypte.

Le Canada est le seul pays du G7 à s’y présenter sans avoir réussi à baisser ses émissions depuis l’Accord de Paris, signé en 2015.

Le Québec, lui, a carrément fait augmenter ses émissions depuis.

Il n’est pas étonnant que ni Justin Trudeau ni François Legault n’osent se présenter à Charm el-Cheikh.

Outre les impacts évidents sur le climat, cette incapacité à infléchir les courbes des émissions cause deux problèmes.

D’abord, sur la scène internationale, cela ne peut se traduire que par une perte de crédibilité et d’influence du Canada et du Québec. Selon certains observateurs, cette érosion est déjà commencée.

Ensuite, sur la scène locale, cette absence de résultats risque de donner des munitions aux citoyens et aux politiciens qui prétendent que la lutte contre les changements climatiques est un coup d’épée dans l’eau.

Il se fait pourtant de bonnes choses pour le climat au Québec et au Canada. Mais dans chaque cas, les stratégies comportent des trous qui plombent les gains.

Au Québec, l’explosion des émissions dans le secteur des transports mine complètement les réductions enregistrées dans l’industrie et dans la gestion des déchets.

Au fédéral, Justin Trudeau a investi beaucoup de capital politique en se battant jusqu’en Cour suprême contre trois de ses propres provinces (l’Ontario, la Saskatchewan et l’Alberta) pour instaurer un prix sur le carbone partout au pays. Cette lutte était courageuse.

Son gouvernement a aussi adopté une « loi sur la responsabilité en matière de carboneutralité » qui oblige les gouvernements à accoucher de plans crédibles pour le climat.

Malheureusement, le gouvernement fédéral entretient encore l’illusion que l’industrie du pétrole et du gaz peut augmenter sa production tout en réduisant ses émissions. Pour l’instant, ça ne fonctionne pas.

Résultat : au Canada comme au Québec, les émissions ne baissent pas, malgré les engagements pris par nos gouvernements envers leurs citoyens et envers la communauté internationale.

C’est de plus en plus gênant à défendre face aux nombreux pays qui, eux, génèrent des réductions.

« Le partage du fardeau de la réponse aux changements climatiques, tant en ce qui concerne la réduction des émissions que le soutien à l’adaptation dans les pays en développement, sera un facteur de plus en plus important dans les relations internationales », prévient à ce sujet l’ancienne ambassadrice du Canada pour les changements climatiques, Patricia Fuller, dans un rapport déposé cette semaine.

Ce n’est pas surprenant. L’urgence climatique est le plus grand enjeu auquel fait face l’humanité et il requiert une réponse concertée. Ceux qui ne font pas leur part seront de plus en plus mal perçus. C’est la crédibilité et l’influence du Canada et du Québec qui sont en jeu.

Pour Justin Trudeau, le problème ne provient toutefois pas que de l’extérieur. Les conservateurs dirigés par Pierre Poilievre ont déjà promis d’abolir la taxe carbone. Si les libéraux ne parviennent pas à démontrer une baisse claire des émissions d’ici la prochaine élection, leurs adversaires auront beau jeu de dire que cette taxe — et l’ensemble des mesures déployées pour réduire les GES – ne fonctionne pas.

L’absence de résultats complique aussi la tâche de M. Trudeau lorsque vient le temps d’attaquer les positions rétrogrades de M. Poilievre sur le climat. Des positions qui conduiraient à un bilan encore bien pire que celui que l’on voit actuellement.

La dynamique est différente au Québec, mais les électeurs finiront peut-être aussi par se lasser des promesses non tenues.

Le temps file. Et les raisons de boucher les trous de nos politiques climatiques et d’accoucher (enfin !) de véritables réductions sont plus nombreuses et pressantes que jamais.

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