À l’issue du premier mandat de la Coalition avenir Québec (CAQ), force est de constater que la crise en santé mentale, exacerbée par la pandémie, n’a pas encore été résolue.

C’est une très mauvaise nouvelle.

Force est de constater, par ailleurs, que ce n’est pas un problème de volonté politique. Au cours des deux dernières années, le ministre Lionel Carmant a multiplié les initiatives visant à élargir l’accès aux soins en santé mentale.

Mais pour l’instant, le résultat demeure bien en deçà de ce qu’on pouvait espérer.

Il suffit de jeter un œil à la liste d’attente au public pour des services de santé mentale : le 13 août dernier, on y retrouvait tout près de 21 000 noms (20 998, plus précisément).

C’est encore beaucoup trop. Ce n’est pas une simple statistique, il y a derrière ce chiffre assurément beaucoup de souffrance.

Vrai, le nombre de Québécois en attente a chuté par rapport à septembre 2019, alors qu’il y avait 28 000 personnes sur la liste. Mais en avril dernier, on avait pu la réduire à 19 000. La situation s’est donc de nouveau détériorée au cours des derniers mois.

On comprend que la demande pour les services en santé mentale a augmenté en raison de la pandémie (une hausse de 40 %, c’est vertigineux) et que le défi est donc plus grand.

Mais n’est-ce pas, justement, une preuve éloquente qu’il faut en faire davantage ?

Ne doit-on pas en déduire que ce qui a été mis de l’avant jusqu’ici n’a pas été suffisant ?

Le réseau n’a-t-il pas besoin d’un investissement massif, qui permettrait de financer plusieurs initiatives ambitieuses ?

C’est ce que certains proposent.

À commencer par Force jeunesse, qui vient de publier une étude qui, on le souhaite, fera son chemin dans les débats sur cet enjeu d’ici la fin de la campagne.

L’organisation recommande essentiellement au prochain gouvernement de mettre en place une couverture universelle des soins de psychothérapie. Tous ceux qui le souhaitent pourraient en bénéficier gratuitement dans un délai raisonnable.

Pour que ça fonctionne, il faudra toutefois secouer vigoureusement le système.

On voit mal comment on y parviendrait, par exemple, sans embaucher de nouveaux psychologues pour le réseau public. Et pour y arriver, il faudrait forcément revoir leur salaire et leurs conditions de pratique. À ce sujet, jusqu’ici, le gouvernement fait pratiquement la sourde oreille. C’est problématique.

Mais même si ça changeait, ce ne serait pas nécessairement suffisant.

C’est pourquoi Force jeunesse propose aussi de permettre aux psychologues œuvrant dans le privé d’offrir des séances de psychothérapie remboursées par l’État. Et, parallèlement, de trouver des façons d’encourager davantage de jeunes à miser sur une formation en psychothérapie.

Notez que rien de tout ça n’est complètement nouveau. Depuis la pandémie, par exemple, Québec a tenté de convaincre certains psychologues du privé d’aider le public, mais sans grand succès. Le programme n’était visiblement pas au point ni suffisamment généreux.

Convenons que le plan interministériel présenté en janvier dernier par le ministre Carmant était bien ficelé et que ses effets n’allaient pas se faire sentir du jour au lendemain, puisqu’il faut d’abord le rendre opérationnel.

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Convenons aussi qu’il importe, au Québec, de mieux faire la promotion des autres services offerts en santé mentale et pas uniquement de la psychothérapie. Auprès de la population ET des employés du réseau de la santé. On n’arrivera jamais à permettre à tous ceux qui sont en détresse de voir un psychologue.

Mais il reste que le prochain gouvernement doit se donner les moyens de ses ambitions.

On avance actuellement dans la bonne direction. Le temps est venu d’appuyer sur l’accélérateur. Et d’avoir le pied pesant.

Encore de nouvelles dépenses, vous dites ? Il faudrait plutôt le voir comme un investissement.

Force jeunesse a demandé à des actuaires de se pencher là-dessus. La proposition de l’organisation coûterait tout près de 5 milliards de dollars annuellement (pour un maximum de 20 séances de psychothérapie gratuites par patient), mais l’État québécois économiserait une somme nettement plus considérable.

C’est que les coûts directs liés aux problèmes de santé mentale au Québec sont évalués à quelque 18 milliards chaque année (pour les soins médicaux et de santé, les services communautaires et sociaux, le soutien du revenu, etc.).

Alors, qu’est-ce qu’on attend ?

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