Alors que la prochaine campagne électorale débute dans quelques jours, tous les partis devraient garder en tête qu’il y a des promesses plus faciles à tenir que d’autres, en santé.

Comme offrir le stationnement gratuit à l’hôpital pour les deux premières heures. Chose promise, chose due : la Coalition avenir Québec (CAQ) a rempli en 2020 cet engagement de la dernière campagne électorale. Coché. On passe à un autre dossier.

Mais sur bien d’autres aspects, on est très loin du compte, ce qui alimente le cynisme de la population.

Par exemple, la CAQ s’était engagée aux dernières élections à octroyer un médecin de famille à tous les Québécois.

Arrivée au pouvoir, elle a versé 1 milliard de dollars en mesures incitatives pour encourager les médecins à suivre plus de patients. Toute une cagnotte ! Malgré tout, le nombre de Québécois en attente d’un médecin de famille a bondi de 428 023 en 2018, à 829 956 aujourd’hui.

C’est carrément le double ! Et on ne peut pas mettre toute cette augmentation sur le dos de la pandémie.

Le pire, c’est que ces chiffres masquent une partie du problème, car bien des patients qui ont un médecin de famille n’arrivent pas à obtenir un rendez-vous. Au moindre pépin, ils n’ont d’autre choix que faire le pied de grue dans les urgences submergées par les visites peu ou pas urgentes qui représentent 54 % des visites totales.

Sinon, ils se pointent dans les cliniques sans rendez-vous. Et là, certains se font dire : un seul bobo par personne ! Des patients qui veulent profiter de la consultation pour parler au médecin d’un autre problème de santé se font répondre qu’ils doivent prendre un autre rendez-vous, rapportait Radio-Canada au début d’août.

C’est ridicule ! Les bonnes pratiques voudraient plutôt qu’on optimise les consultations pour régler plusieurs problèmes à la fois, surtout que ces problèmes peuvent être interreliés.

Malgré tout, il faut reconnaître que le ministre de la Santé, Christian Dubé, va dans le bon sens.

Dans le cadre de sa toute première promesse électorale, mercredi, il s’engageait à créer une nouvelle agence pour superviser les opérations du réseau de la santé, afin de permettre au ministère de se concentrer sur les orientations.

Cette séparation des rôles qui a fait ses preuves lors de la campagne de vaccination devrait aider à faire de l’ordre dans l’organigramme du système de santé qui ressemble à une tour de Babel.

En mai dernier, le ministre avait aussi conclu une entente avec les médecins de famille visant la prise en charge de 500 000 patients par un groupe de médecine familiale (GMF) d’ici le 31 mars 2023.

À priori, la recette fonctionne. Déjà, 288 000 Québécois ont été inscrits à un GMF, davantage que l’objectif intermédiaire de 250 000 à la fin de juillet. Il reste à voir si ces patients seront en mesure de consulter un expert dans les 36 heures.

Certains diront qu’il s’agit là d’une manière d’abaisser la barre en douce, voyant que la promesse initiale ne serait pas remplie avant les élections. Ils n’ont pas tort.

Non, on ne promet plus aux patients orphelins qu’ils seront suivis par un médecin en particulier, mais plutôt par un groupe qui dispose d’une équipe interdisciplinaire pour l’appuyer.

Sauf que si on veut résoudre les problèmes du réseau, il faut sortir des vieux paradigmes et mettre tous les experts à profit.

Un bel exemple : en augmentant la présence des physiothérapeutes dans les urgences, on pourrait réduire le fardeau des urgentologues, puisque le quart des consultations sont reliées à des problèmes musculosquelettiques comme une entorse ou une fracture, selon une étude menée au CHU de Québec.

Moins d’attente, plus de satisfaction. Les patients sont contents. Et les médecins peuvent se concentrer sur les cas qu’eux seuls peuvent régler.

Voilà le genre d’idées constructives dont on aimerait entendre parler durant la prochaine campagne. On veut du terre-à-terre, plutôt que de se faire promettre la lune.

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