Vladimir Poutine vient d’affirmer avoir pris le contrôle de la ville de Marioupol. Si c’est le cas, les forces russes ont remporté une importante bataille et il faut le déplorer… tout en rappelant qu’ils sont loin d’avoir gagné la guerre.

Le prochain objectif de la Russie sera d’assujettir l’ensemble de la région du Donbass. Beaucoup, à commencer par le président français Emmanuel Macron, ont dit croire que Poutine était en quête d’une victoire retentissante pour le 9 mai, date de l’anniversaire de la capitulation de l’Allemagne nazie en 1945.

Forcément, les prochains jours seront à la fois déterminants et sanglants.

Alors que les démocraties occidentales continuent – avec raison – de refuser de jouer un rôle de premier plan sur le terrain dans ce conflit, celui-ci se résume aisément : l’Ukraine face à la Russie, c’est David contre Goliath.

Le Canada, comme bon nombre de ses alliés, a bonifié son aide militaire à l’Ukraine avant même le début de l’invasion russe. Il importe maintenant d’en faire encore davantage. Dire que le temps presse est une litote.

C’est ainsi qu’il faut comprendre la promesse de Justin Trudeau, qui affirme désormais vouloir offrir de l’artillerie lourde à l’Ukraine.

Ou celle des Américains, qui viennent d’annoncer l’envoi de plusieurs dizaines d’obusiers Howitzer et leurs véhicules, 144 000 obus et plus d’une centaine de drones tueurs Phoenix Ghost.

Ou encore celle de plusieurs pays est-européens, qui vont livrer au cours des prochains jours des armes lourdes, dont des chars de combats et des véhicules blindés.

Pendant longtemps, ce sont des armes défensives qui ont été offertes au régime du président Volodymyr Zelensky. Les plus récentes promesses montrent que les alliés de l’Ukraine n’ont désormais plus autant de scrupules, et c’est tant mieux.

Car ce sont d’armes offensives que l’Ukraine a besoin alors que l’assaut russe dans l’est du pays s’intensifie. On peut même se demander pourquoi on a hésité si longtemps avant de lui en fournir. Car la résistance ukrainienne ne sera maintenue qu’à ce prix : aider David à tenir tête à Goliath.

Attardons-nous plus spécifiquement sur le rôle du Canada dans le cadre de cette deuxième phase de l’offensive russe. On comprend que le gouvernement fédéral devra d’abord faire l’acquisition du nouvel équipement militaire promis à l’Ukraine.

On peut déplorer le fait qu’Ottawa n’ait pas davantage de ressources en stock pour les Ukrainiens. Mais on ne peut pas en être surpris. Nous l’avons déjà souligné : nos dépenses militaires ne sont plus, depuis trop longtemps, à la hauteur de nos ambitions internationales.

Lisez notre éditorial « Armons-nous pour la paix »

Pourrions-nous, comme le suggérait récemment l’ancien le chef d’état-major de l’armée canadienne, Rick Hillier, fournir à l’Ukraine quelques centaines de véhicules blindés qui sont utilisés par nos militaires ? Théoriquement, oui. Mais en pratique, une telle option serait peu viable. Elle compromettrait l’entraînement de nos propres troupes.

Le choix fait par Ottawa est donc le bon. Les plus cyniques diront que les armes offensives que nous allons offrir ne représentent qu’une fraction de ce que Washington livrera. C’est vrai, mais c’est préférable à l’inaction. Chacun des alliés doit faire sa part.

Au total, le Canada a déjà offert quelque 110 millions de dollars en aide militaire pour l’Ukraine. « Notre aide fait une différence sur le terrain en ce moment », nous a-t-on dit au bureau de la ministre de la Défense Anita Anand, rappelant qu’on ajoutera pour 500 millions de dollars en équipement militaire pour la période 2022-2023.

Les démocraties occidentales savent que Vladimir Poutine ne doit surtout pas gagner cette guerre. Pourtant, ultime paradoxe – dicté par la crainte d’une troisième guerre mondiale –, elles ont choisi de ne pas intervenir militairement pour soutenir le régime ukrainien.

Il n’y a donc pas trente-six mille solutions, alors que l’agression brutale de Moscou vient de monter d’un cran.

L’Occident doit s’assurer de fournir à l’Ukraine de toute urgence suffisamment d’équipement militaire, tant sur le plan qualitatif que quantitatif, pour permettre au pays de ne pas être mis à genoux par le tyran russe.

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