Pour sauver les CHSLD, en 2020, le gouvernement Legault y est allé d’une proposition audacieuse et radicale. Il a fait grimper le salaire des préposés aux bénéficiaires et en a embauché une flopée.

Pour résoudre la crise en santé mentale, c’est au tour de Québec solidaire (QS) de proposer un remède assez similaire à celui qui a été administré par la Coalition avenir Québec (CAQ) aux CHSLD.

Le premier engagement électoral du parti de Gabriel Nadeau-Dubois pour 2022, annoncé samedi, est de faire grimper le salaire des psychologues dans le réseau public et d’en embaucher une flopée.

Plus précisément : QS leur promet une augmentation de salaire de 30 % et souhaite en engager 900 de plus. Au total, ça signifierait une injection de 280 millions de dollars dans le réseau, qui permettrait également l’embauche de 1000 autres professionnels de la santé dans le domaine de la santé mentale.

La formation politique a été inspirée dans ce dossier par sa nouvelle recrue, Mélissa Généreux, ancienne directrice de Santé publique de l’Estrie. Celle-ci a notamment démontré que la santé mentale des jeunes s’est détériorée de façon préoccupante en raison de la pandémie.

Soyons clairs : on ne peut pas accuser le gouvernement Legault d’être resté les bras croisés face à la crise que traverse le Québec pour ce qui est de la santé mentale.

Mais la question la plus importante demeure en suspens. Est-ce que c’est suffisant ?

Pour l’instant, la seule réponse honnête, c’est non.

Ainsi, la liste d’attente au public pour des services de santé mentale n’a pas diminué au cours des deux dernières années. Au contraire. Elle a grimpé et oscille maintenant autour de 19 000 personnes. C’est catastrophique.

Une mesure phare mise de l’avant l’an dernier par le gouvernement pour redresser la barre a été l’équivalent d’un coup d’épée dans l’eau.

On avait promis 25 millions de dollars pour l’achat de services au privé dans le but de désengorger le système public. Or, Radio-Canada a récemment révélé qu’on a dépensé uniquement 15 % de cette somme.

Des « éléments administratifs dissuasifs, qui alourdissaient la tâche », feraient partie des aspects qui ont contribué au désintérêt des psychologues du privé, selon la présidente de l’Ordre des psychologues, Christine Grou, citée dans ce reportage. Tout comme le temps pris par Québec pour mettre en œuvre cette initiative.

Ce n’est pas une question de mauvaise volonté. C’est plutôt, visiblement, que le remède n’était pas au point.

Il y a moins de trois mois, la CAQ a bonifié sa proposition. Elle annoncé un plan d’action en santé mentale, assorti d’une injection de 361 millions sur cinq ans, soit une augmentation de 25 % du budget alloué à ce secteur.

Bravo ! Par contre, nous avons déjà soulevé des doutes quant à savoir si ce plan permettra de renflouer l’escouade de psychologues du réseau public, alors que son rôle est plus important que jamais.

Lisez « Plan d’action en santé mentale : le grand rattrapage »

C’est que ces psychologues reçoivent nettement moins que ce à quoi ont droit leurs collègues du privé.

Les chiffres de la Coalition des psychologues du réseau public québécois (CPRPQ) montrent une différence de traitement majeure. Au privé, un psychologue recevra au moins 120 $ pour chaque séance, alors qu’au public, l’échelle salariale varie entre 28,33 $ et 52,88 $ de l’heure.

Plusieurs responsables de la CPRPQ soulignaient lundi dans nos pages qu’ils préconisent eux aussi un « rattrapage salarial de 30 % » pour les psychologues du réseau public. Ils faisaient remarquer que si 75 % des finissants disent souhaiter travailler au public, dans les faits, seuls 25 % l’intègrent.

Lisez la lettre de la CPRPQ

Près de 20 000 personnes qui doivent patienter parfois jusqu’à deux ans pour obtenir un suivi en santé mentale, c’est forcément moins spectaculaire que si tous ces Québécois attendaient pour une opération cardiaque, par exemple.

C’est pourtant, néanmoins, scandaleux.

Il faudra le répéter, encore et encore, jusqu’à ce qu’on trouve enfin à Québec un remède à la hauteur de l’importance de ce problème.

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