La neige étend son manteau blanc, et les yeux levés vers le ciel… les Québécois se demandent encore si le gouvernement ne va pas les empêcher, à la toute dernière minute, de se rassembler pour Noël.

Christian Dubé n’a pas fermé la porte, lundi, à un tel revirement.

« On prend une journée à la fois », a répondu le ministre de la Santé quand on l’a interrogé à ce sujet lors d’un point de presse où le vocabulaire guerrier fut à l’honneur et la consternation se lisait sur les visages.

Mais permettez-nous de plaider, avec prudence, pour que Québec ne modifie pas sa consigne d’ici le 25 décembre.

Pour qu’on permette à ceux qui le souhaitent de se rassembler en famille pour célébrer, en petits groupes, sans dépasser le cap des 10 personnes. Et sans se réunir avec un autre petit groupe le lendemain, évidemment.

En somme, pour qu’on dise oui à un Noël sur la pointe des pieds.

Disons-le : sur le plan humain (et sur celui de la santé mentale de grand-papa, de fiston, etc.), il serait terriblement crève-cœur d’annuler toutes les célébrations prévues, pour la deuxième année de suite.

Et ça contredirait l’essence même du discours tenu par nos dirigeants et les autorités de la santé publique depuis plus d’un an.

Un message qui disait essentiellement : vous avez fait d’immenses sacrifices, vous avez pour la plupart respecté les consignes avec zèle, vous avez retroussé vos manches avec enthousiasme, vous êtes donc en droit d’espérer un quelconque retour à la vie normale.

Alors qu’on est en train d’essayer de convaincre les Québécois de recevoir une dose de rappel de vaccin, ne serait-il pas par ailleurs contre-productif de demander à tous ceux qui l’ont fait de s’isoler pendant les Fêtes ? D’autant qu’on vient d’imposer toute une série de nouvelles restrictions, nécessaires, mais éprouvantes.

D’ailleurs, même si le vaccin n’est pas aussi efficace contre le nouveau variant, il fait une différence importante. Tout particulièrement avec trois doses. Et même ceux qui n’ont reçu que deux doses sont nettement mieux protégés contre les hospitalisations (70 %, selon une étude sud-africaine) que les non-vaccinés.

Ne perdons pas ça de vue.

Un autre changement important par rapport à l’an dernier, c’est que nous avons des tests rapides. Ils ne sont pas infaillibles, il faut le dire. Mais ils peuvent néanmoins être très utiles pour les Fêtes. Québec aurait d’ailleurs tout avantage à dissiper rapidement la confusion qui existe encore à leur sujet et à s’assurer que tous les Québécois y aient accès. C’est crucial.

Disons que vous avez reçu deux ou trois doses d’un des vaccins. Disons aussi que vous n’avez aucun symptôme et que vous vous êtes isolé pendant plusieurs jours. Aussi, vous avez fait un test rapide qui indique que vous êtes négatif (si vous êtes néanmoins porteur du virus, ça signifie probablement que votre charge virale est trop faible pour être détectée et que vous êtes moins à risque de le transmettre), mais vous êtes néanmoins conscient qu’il existe malgré tout une part de risque, que vous assumez.

Alors serait-il juste de vous demander, par exemple, de vous priver de voir vos parents à Noël ?

Répétons-le, par contre, ce n’est pas le temps de prendre des risques inutiles. Et rassemblements de Noël ou pas, les experts demeurent catégoriques : il faut réduire nos contacts au strict minimum.

On vient de franchir le cap des 5000 cas pour la première fois au Québec depuis le début de la pandémie.

L’état d’urgence, qui avait été levé à Montréal en août dernier, vient d’être remis en place, mardi, par une mairesse infectée par la COVID-19. La veille, Québec y allait d’un nouveau tour de vis pour de nombreux secteurs, allant des écoles aux bars en passant par les cinémas.

Quant aux hospitalisations, elles ont bondi de façon très préoccupante et les projections n’augurent rien de bon.

Parallèlement, parmi ceux qui montent au front chaque jour et sauvent des vies, 4000 travailleurs de la santé sont déjà retirés du réseau, entre autres parce qu’ils sont malades ou en isolement préventif.

La guerre est déclarée, a affirmé Christian Dubé. Et l’adversaire est visiblement redoutable.

Mais fêter Noël sur la pointe des pieds, avec une prudence extrême et en revoyant nos ambitions à la baisse, ne veut pas dire qu’on capitulerait. Ce serait plutôt une façon de montrer qu’on ne se laisse pas abattre.

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