La vidéo montre une maison emportée par les flots qui finit par aller se fracasser contre un pont.

À elle seule, la scène illustre toute la cruelle ironie des changements climatiques. Car elle s’est déroulée cette semaine à Merritt, en Colombie-Britannique. Un endroit où l’on priait pour avoir de l’eau il y a quelques mois à peine.

La municipalité de Merritt est située à quelques dizaines de kilomètres à vol d’oiseau de Lytton, ce village qui a brûlé l’été dernier après avoir enregistré une température record de 49,6 °C.

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Ces évènements, combinés à tant d’autres, rappellent que les changements climatiques sont en marche et qu’ils frappent fort.

Et ça pourrait n’être que le début. À la COP26 qui vient de se terminer à Glasgow, les dirigeants de la planète ne se sont pas entendus sur des moyens de limiter la hausse des températures à 1,5 °C. On se dirige plutôt vers une hausse de 2,4 °C d’ici 2100.

Cela veut dire une chose : il faut se préparer. Tout en continuant évidemment à chercher des moyens de réduire nos émissions.

Il n’y a aucune contradiction à se défendre contre les conséquences de l’urgence climatique tout en s’attaquant vigoureusement à ses causes.

Dire que le Québec reste les bras croisés devant le dérèglement du climat serait injuste.

En 2019, le gouvernement provincial a lancé un programme pour soutenir financièrement les municipalités qui souhaitent se doter d’un plan d’adaptation contre les changements climatiques. Aujourd’hui, la plupart des grandes municipalités ont effectué cet exercice. Elles connaissent leurs vulnérabilités et savent comment les régler.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

L’érosion des berges est préoccupante aux Îles-de-la-Madeleine.

Le problème, c’est le passage à l’action à grande échelle. Et les moyens pour le faire.

Les changements climatiques sont un boxeur qui nous frappe de tous les côtés à la fois. Dans l’est du Québec, la hausse du niveau des eaux et l’augmentation des tempêtes grugent le littoral. Dans le nord de la province, le dégel du pergélisol déstabilise les infrastructures et donne l’impression aux communautés de vivre sur du Jell-O mouvant.

Les villes, elles, doivent se battre contre les îlots de chaleur, les inondations et des sécheresses qui, l’été, affecteront tant la quantité que la qualité de l’eau.

Partout, nos infrastructures sont construites pour résister aux aléas climatiques du passé et non de l’avenir. En 2018, une étude réalisée pour le compte de l’Union des municipalités du Québec a estimé qu’il faudrait investir 4 milliards en cinq ans pour adapter celles qui relèvent du monde municipal à la nouvelle réalité.

Or, le Plan pour une économie verte du gouvernement Legault consacre à peine 6 % de son budget à l’adaptation climatique, soit 384 millions sur cinq ans. Il est vrai que des fonds sont aussi disponibles du côté du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation et du gouvernement fédéral. Mais ils ne suffisent pas.

Politiquement, il n’est pas payant d’investir dans l’adaptation aux changements climatiques. C’est surtout l’atteinte des cibles de réduction qui retient l’attention des médias et des organisations non gouvernementales.

Les impacts ? Trop souvent, on attend qu’ils frappent plutôt que de prévenir les coups.

D’un simple point de vue comptable, l’adaptation est pourtant un investissement difficile à battre. Des études montrent que chaque dollar qu’on y consacre permet d’en économiser six en réparation des dégâts. Songeons que les seules inondations de 2017 et 2019 ont coûté près de 1 milliard au gouvernement provincial et aux municipalités québécoises.

En 2001, le Québec a eu la bonne idée de créer le consortium Ouranos, un groupe de scientifiques qui mène des études pour aider la province à s’adapter à l’évolution du climat.

Or, ces gens qu’on paie pour sonner l’alarme sont justement en train de le faire.

« On n’est clairement pas prêts », dit Alain Bourque, directeur général d’Ouranos.

Ne pas l’écouter risque de nous coûter cher.

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