En Autriche, depuis lundi, les non-vaccinés sont confinés. Une première parmi les pays membres de l’Union européenne.

Aux Pays-Bas, sans aller aussi loin, on a annoncé une série de « restrictions sévères » pour une période de trois semaines. Restaurants, bars et magasins fermeront plus tôt et de grandes manifestations sportives se dérouleront à huis clos, entre autres.

Au Québec ?

L’heure est au relâchement.

Parmi les assouplissements en vigueur depuis lundi : le port du masque n’est plus obligatoire au secondaire, on n’a plus à privilégier le télétravail et on peut se remettre à danser dans les bars.

Oh, et le karaoké est de retour !

On se dit qu’il y quelque chose de paradoxal à voir certains pays d’Europe serrer la vis alors que nous faisons l’inverse.

Pourtant, ce n’est pas une hérésie.

Ça s’explique de façon rationnelle.

D’abord en raison de notre performance en matière de vaccination. Ici, 87 % des 12 ans et plus sont pleinement vaccinés (77,4 % de la population totale) et l’écart entre l’administration des deux doses a eu un impact positif sur l’immunité des Québécois.

On aspire à mieux, bien sûr.

Mais dans certains des pays de l’Union européenne où la situation se détériore, les taux de vaccination sont plus bas qu’au Québec. Environ 65 % de tous les Autrichiens sont pleinement vaccinés, par exemple. Et on ne parle même pas de la Russie, où ce taux est de quelque 40 %.

Le relâchement au Québec s’explique aussi par le fait que nous avions déjà des mesures en place plus strictes que dans certains des pays qui doivent se résoudre à serrer la vis.

Le passeport vaccinal tel qu’il existe au Québec, les Pays-Bas viennent d’annoncer qu’ils vont l’imposer… dans trois semaines !

La France, elle, vient de réinstaurer le port du masque obligatoire dans toutes les écoles primaires… ce qui est déjà le cas ici.

Pas question, donc, d’accuser nos autorités sanitaires d’insouciance.

Oui, il y a un risque, mais dans les circonstances, il est calculé.

D’ailleurs, la disparition du masque en classe au secondaire, qui est probablement la mesure la plus susceptible de faire augmenter la transmission, ne s’appliquera pas nécessairement partout.

Soulignons aussi que les élèves du secondaire ont été largement vaccinés (87,5 %) et qu’il est très facile de faire marche arrière si la situation l’exige.

Comme pour les autres assouplissements, d’ailleurs.

Mais le fait est qu’un retour à la normale graduel s’impose.

Ceux qui n’ont pas été vaccinés seront vraisemblablement un jour ou l’autre contaminés. Il en reste environ 740 000 âgés de 12 ans et plus au Québec.

C’est encore beaucoup trop.

On le déplore.

Et on continue de les encourage à retrousser leur manche.

Mais la vie normale ne peut pas éternellement être prise en otage par cette minorité.

Ce qui est fondamental, c’est de protéger notre système de santé.

À l’heure actuelle, même si le nombre de cas a grimpé au cours des dernières semaines au Québec, le réseau hospitalier n’est pas submergé par les patients atteints de COVID-19. Une autre raison pour laquelle les récents assouplissements semblent raisonnables.

Le Québec n’est pas l’Autriche, donc, mais la vigilance reste de mise.

L’adhésion aux mesures qui demeurent en vigueur ne doit pas s’effriter.

Ce fameux contrat moral dont avait commencé à parler François Legault il y a un an presque jour pour jour est toujours valide.

Et son respect aura cette fois encore un impact sur le temps des Fêtes, forcément.

Mais il est trop tôt pour se prononcer sur ce qui devrait être permis ou pas entre Noël et le jour de l’An. Il reste une grande inconnue : aura-t-on le temps de vacciner les enfants du primaire d’ici là ?

Ces jeunes sont actuellement un des plus importants vecteurs de transmission dans la société québécoise.

On ne peut pas s’imaginer célébrer pendant le temps des Fêtes comme si la pandémie était chose du passé alors que les plus jeunes ne seraient pas vaccinés.

Ça, ce serait vraiment jouer avec le feu.

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