La COP26 se conclut ce vendredi à Glasgow. On y a entendu François Legault clamer que le Québec est le « numéro un pour le moins de GES en Amérique du Nord ».

Le gouvernement Legault a aussi produit un message vidéo dans lequel il se targue d’être un « leader » dans la lutte contre les changements climatiques. Ces publicités partisanes qui se multiplient de la part de la CAQ (rappelez-vous tout le battage entourant le nouveau cours de Culture et citoyenneté québécoise) sont hautement problématiques.

Dans le cas du climat, le message véhiculé est trompeur. Une autre perception, tout aussi fausse, circule. Celle selon laquelle les émissions du Québec étant négligeables par rapport à celles de la Chine, de l’Inde et des États-Unis, la province n’est pas réellement sous pression de les réduire.

Voici au contraire pourquoi nous devrions nous attaquer à notre bilan carbone avec un sentiment d’urgence qui fait actuellement défaut.

1. Les Québécois sont de gros pollueurs

Verts grâce à leur hydroélectricité, les Québécois ? Non. En fait, si chaque Terrien émettait autant qu’un Québécois, la planète serait dans une situation encore plus catastrophique qu’elle ne l’est actuellement.

Chaque Québécois émet 2,5 fois plus de GES qu’un Mexicain (qui, aux dernières nouvelles, habite l’Amérique du Nord). Par personne, nous émettons plus que les Chinois et les Indiens. Nous émettons plus que tous les Européens à l’exception des Tchèques et des Luxembourgeois. Nous émettons deux fois plus que la moyenne des citoyens du globe.

Il est vrai que nous émettons moins que les Américains et les habitants des autres provinces. Mais François Legault choisit judicieusement ses comparaisons et se mesure aux pires élèves de la planète. Veut-on vraiment se contenter d’être le moins mauvais des cancres ?

2. Notre juste part est encore plus grande

L’accord de Paris stipule que les pays riches ont de plus grands efforts à faire que les pays pauvres pour limiter le réchauffement à 1,5 °C (on parle de « responsabilités communes, mais différenciées »). D’abord, parce qu’ils polluent depuis plus longtemps. Comme les GES s’accumulent dans l’atmosphère, les nations développées ont davantage contribué au dérèglement du climat.

Ensuite, parce que les pays riches ont davantage de moyens pour lutter contre l’urgence climatique. Le Climate Equity Reference Project calcule ainsi que la juste part du Québec serait une réduction de 178 % d’ici 2030 sous les niveaux de 1990. C’est… très loin de notre cible de 37,5 %. Évidemment, comme il est impossible de réduire de plus de 100 %, ça implique des efforts ailleurs. Les experts proposent que le Québec diminue ses émissions de 65 % sur son territoire et remplisse le reste de sa « juste part » en finançant des efforts de réduction dans les pays en développement (ce qu’il fait en partie).

3. Pour rallier les autres, il faut montrer la voie

En chiffres absolus, les émissions du Québec sont évidemment faibles par rapport à celles de la Chine, de l’Inde ou de la Russie. Mais bonne chance pour convaincre les géants de bouger si vous ne faites pas votre juste part. En ratant ses cibles de réduction, le Québec n’a aucun rapport de force pour inciter les autres à les atteindre.

4. Rater les cibles alimente le cynisme

Répéter que le Québec a des émissions plus faibles que ses voisins ne change rien au fait que nous avons pris l’engagement de les réduire. Notre prochaine cible est dans huit ans, aussi bien dire demain matin. Or, le plan actuel ne nous amène qu’à la moitié de cet objectif.

L’annonce faite à Glasgow d’investir 5 milliards pour électrifier la moitié des autobus du Québec d’ici 2030 est certes excellente, mais largement insuffisante. Et chaque cible ratée alimente le cynisme et mine notre crédibilité.

Et si on se mettait au travail au lieu de se péter les bretelles ?

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