Est-ce qu’on pourrait enfin, une bonne fois pour toutes, cesser de faire des singeries au sujet de la vaccination à Ottawa ?

Vous aurez compris que c’est aux conservateurs, par-dessus tout, que ce message s’adresse.

Plus précisément à ces irréductibles conservateurs, qui semblent tout faire pour donner l’impression que leur parti n’est pas conscient de deux ou trois vérités incontournables.

  • La vaccination est ce qui nous permet de garder la tête hors de l’eau et d’être, plus que jamais, en mesure de contrôler la propagation de l’épidémie de COVID-19.
  • Il est crucial pour les politiciens de prêcher par l’exemple. Comment faire comprendre à ses concitoyens que la vaccination du plus grand nombre de Canadiens possible est essentielle… si on refuse soi-même de retrousser sa manche ?
  • Dénoncer les mesures sanitaires n’est pas un enjeu très porteur pour leur parti. Chaque fois que ces députés flirtent avec le mouvement antivaccin, ils donnent des munitions à tous leurs rivaux.

Pour ceux qui ne suivraient pas au quotidien les péripéties de ce petit groupe de députés conservateurs – on ne vous le reproche pas ! –, laissez-nous récapituler brièvement leurs plus récents coups d’éclat.

Il y a quelques jours, on a appris qu’entre 15 et 30 députés conservateurs avaient formé le « caucus des libertés civiles ». Ils semblent vouloir se spécialiser dans la défense des droits de ceux qui s’opposent à la vaccination.

Entendons-nous bien : on peut avoir un sain débat afin de déterminer quels travailleurs, au pays, doivent être contraints de se faire vacciner contre la COVID-19. Et quel sort attend les plus réfractaires.

Mais les irréductibles conservateurs ne s’arrêtent pas là. Ils nourrissent la défiance et le doute à l’égard de la campagne de vaccination.

À preuve, la députée qui s’est exprimée le plus longuement en public au sujet de ce nouveau caucus, Marilyn Gladu, a montré ses vraies couleurs récemment sur les ondes du réseau CTV.

Elle a minimisé les risques associés à la COVID-19 en insinuant que ça n’avait rien à voir avec une maladie comme la polio (dont le vaccin est offert systématiquement aux enfants dans le cadre du Programme québécois d’immunisation).

Elle a présenté ses excuses mardi ; tant mieux, mais le mal était fait.

Ça ne veut hélas pas dire que les singeries sont terminées…

Le dossier de la vaccination obligatoire pour participer aux travaux du Parlement est réglé pour tout le monde à Ottawa… sauf pour les conservateurs.

Le Bureau de régie interne de la Chambre des communes – qui est composé de près d’une dizaine de députés – a tranché.

L’accès au Parlement sera limité aux députés pleinement immunisés.

Le chef conservateur Erin O’Toole, qui a dû répondre à un feu roulant de questions sur la vaccination lundi, a promis que tous ses députés qui se présenteront en chambre désormais seront vaccinés.

N’empêche qu’il a lui-même dénoncé la décision du Bureau de régie interne au sujet de la vaccination.

Explication officielle : il estime que tous les députés de la Chambre doivent voter à ce sujet.

Il sait pourtant que les députés qui ont pris la décision au sein du Bureau de régie interne représentent l’ensemble de leurs collègues. On peut donc en déduire que la majorité des députés de la Chambre des communes est de cet avis… qui tombe d’ailleurs sous le sens !

Les objections soulevées par les conservateurs ressemblent davantage à une manœuvre conçue pour contenter les membres les plus radicaux de leur caucus, qui semblent avoir plus d’atomes crochus avec Maxime Bernier qu’avec la majorité des Canadiens sur les questions sanitaires.

On convient qu’Erin O’Toole marche sur des œufs.

Il peut être difficile pour lui de mettre au pas tous ses députés rebelles sans déclencher de mutinerie. Alors jusqu’ici, il tente de les marginaliser, mais il prend garde de ne pas les provoquer ouvertement.

En revanche, le jour où il se fera pousser une colonne vertébrale, ces députés frondeurs n’oseront probablement plus le défier avec impertinence.

Et ce jour-là, le chef conservateur fera alors uniquement partie de la solution sur la question de la vaccination, et non plus du problème.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion