Soyons honnêtes, ce n’est pas la faute de Valérie Plante si la ville est paralysée par les cônes orange et les détours. On ne peut pas résorber des décennies de déficit d’entretien en claquant des doigts.

Mais en se présentant comme la « mairesse de la mobilité » lors de la dernière campagne électorale, Valérie Plante a promis la lune aux citoyens qui se plaignent de l’état lamentable des infrastructures, mais qui ont aussi en horreur les chantiers nécessaires pour les réparer.

Nid-de-poule ou cône orange ? Devant ce choix, personne n’est content. Et quatre ans plus tard, les Montréalais ont raison de dire que Valérie Plante n’a pas rendu leurs déplacements plus fluides.

À la place, la mairesse a ajouté une couche de frustration en mettant la pédale au fond sur les pistes cyclables. « C’est sûr que les changements, ça bouscule tout le monde », a admis Valérie Plante en entrevue éditoriale, à La Presse, mercredi.

Mais tout est dans la manière.

Ce qu’il manque à Valérie Plante, c’est davantage de sensibilité, de pédagogie et de communication pour gagner l’adhésion à ses projets.

Prenez le Réseau express vélo (REV) dans la rue Saint-Denis. Les travaux ont soulevé l’ire des automobilistes qui ont eu l’impression qu’on leur passait une piste cyclable au travers de la gorge, mais aussi des commerçants qui sortaient à peine d’un mégachantier. Peu importe, la mairesse est allée de l’avant, en plein ras-le-bol pandémique.

Elle réplique qu’elle ne pouvait pas rester les bras croisés face aux quelque 300 collisions impliquant des cyclistes et des piétons. « Je ne peux pas mettre la sécurité de côté, en attendant », dit-elle.

Soit. Aujourd’hui, les cyclistes ont adopté le REV et une trentaine de commerçants se sont installés rue Saint-Denis, témoignant de la réussite du projet. Mais le parcours aura été cahoteux.

« La transition écologique, ce n’est pas quelque chose qu’on remet à plus tard. Il faut que ça se fasse », insiste la cheffe de Projet Montréal.

Elle a raison. Il est urgent de s’attaquer au réchauffement climatique.

Mais sur ce sujet comme bien d’autres, Valérie Plante ne peut pas agir seule. Elle ne pourra pas bâtir 60 000 logements abordables pour résoudre la crise du logement sans le milieu des affaires. Elle ne pourra pas négocier un aménagement décent pour le REM de l’Est sans l’écoute de Québec.

Valérie Plante doit apprendre à mieux « vendre » sa vision, même à ses propres troupes. Plusieurs de ses élus ont quitté le navire, notamment Christine Gosselin, conseillère dans Rosemont–La Petite-Patrie, qui a dénoncé que le parti ne faisait plus autant de place aux débats et à la liberté de parole.

Avec la communauté des affaires non plus, le courant n’a jamais passé à 100 % avec Valérie Plante, qui admet qu’elle ne fera « jamais partie de ce milieu ».

La reprise économique de Montréal a beau faire l’envie des grandes villes d’Amérique du Nord, on reproche à Valérie Plante de s’intéresser davantage aux quartiers qu’à la métropole.

Comme de fait, quand on lui demande ses projets pour le centre-ville, les yeux de Valérie Plante brillent en parlant de rues piétonnes et de terrasses. Elle assure que la qualité de vie et la mobilité sont des éléments cruciaux pour attirer des entreprises à Montréal, comme le bureau du nouveau Conseil des normes internationales d’information sur la durabilité, a-t-on appris mercredi.

Voilà une bonne nouvelle.

Mais Valérie Plante gagnerait à s’entourer d’acteurs-clés qui pourraient faire le pont avec le milieu économique et politique. Autrement, advenant sa réélection, la mairesse de la mobilité se retrouverait en panne d’adhésion pour propulser ses projets.

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