C’est un message fort que Justin Trudeau a envoyé avec la formation de son nouveau cabinet. La nomination de Steven Guilbeault comme ministre de l’Environnement est un véritable feu vert à la lutte contre le réchauffement climatique.

Chapeau ! On ne peut plus dormir au gaz. Le Canada, qui est l’un des plus grands consommateurs d’énergie au monde par habitant, doit prendre ses responsabilités.

L’ancien militant de Greenpeace et cofondateur d’Équiterre connaît les enjeux et les acteurs à merveille. Sa crédibilité en fera un parfait représentant du Canada lors de la COP26, qui s’amorce la semaine prochaine, en Écosse.

Steven Guilbeault, qui a déjà escaladé la Tour du CN à Toronto pour que le Canada ratifie le Protocole de Kyoto, préférera certainement prendre des mesures fermes, quitte à perdre son poste, plutôt que de se contenter de gestes timides, juste pour s’accrocher à ses fonctions.

Certains diront que la nomination de M. Guilbeault changera peu de choses puisqu’il jouait déjà un rôle important au sein du gouvernement en matière d’environnement. Mais désormais, il aura les deux mains, non pas sur le volant, mais plutôt sur le guidon, puisqu’il se déplace principalement à vélo 12 mois par année.

L’environnement sera donc sa tâche première, et non pas le ministère du Patrimoine, qui lui a donné du fil à retordre. C’est le lieutenant québécois de Justin Trudeau, Pablo Rodriguez, qui le remplacera. Espérons qu’il ressuscitera rapidement le projet de loi C-10 pour forcer les géants du web à financer le contenu canadien qui est mort au feuilleton après avoir été injustement diabolisé par les conservateurs.

Mais revenons à l’Environnement, où M. Guilbeault ne sera pas tout seul à pédaler. Il avancera en tandem avec l’ancien ministre de l’Environnement Jonathan Wilkinson, qui se retrouve à la barre des Ressources naturelles, un ministère qui a souvent été dirigé par un élu sympathique à l’industrie.

M. Wilkinson y sera plutôt un allié de la cause environnementale, lui qui a réussi à instaurer une tarification du carbone dont le prix grimpera jusqu’à 170 $, à raison de 15 $ par année. Cet atout sera une carte maîtresse dans le plan de lutte contre les changements climatiques du Canada.

Mais les libéraux doivent aller encore plus loin.

Justin Trudeau s’est engagé à réduire d’ici 2030 les émissions de gaz à effet de serre de 40 % à 45 % par rapport au niveau de 2005 (alors que le gouvernement Harper tablait sur une réduction de 30 %). Mais ce n’est pas avec le plan d’action actuel qu’on y arrivera.

Pour atteindre la cible, Ottawa doit respecter son engagement électoral de réduire les émissions du secteur gazier et pétrolier, responsable du quart des émissions au pays, un changement de cap majeur pour un gouvernement qui a acheté un pipeline dans le passé.

Il doit aussi convaincre les Canadiens de troquer leur voiture contre la marche, le vélo ou encore les transports en commun. Il faut carrément faire marche arrière, car ces dernières années, la croissance du parc automobile a été plus élevée que celle de la population. Et ce n’est pas en migrant vers les véhicules électriques qu’on réglera tous les problèmes.

Du côté du transport de marchandises, le Canada doit favoriser l’ouverture de nouveaux corridors ferroviaires, un mode de transport bien moins polluant que les camions lourds qui sillonnent le continent.

Il faut aussi réduire les gaz à effet de serre en s’attaquant aux bâtiments. Mais cela pose un immense défi, car certaines provinces restent dépendantes du gaz naturel pour le chauffage. D’où l’importance de tisser un réseau de distribution d’électricité qui permettrait d’échanger les surplus dans les provinces voisines. Mais comment y arriver sans que les provinces accusent le fédéral d’ingérence ?

Oui, il faudra du doigté et du courage. Mais si Justin Trudeau relève ces défis avec l’aide de Steven Guilbeault, il pourra se targuer de laisser un héritage politique vert.

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