Vous pouvez cesser de voyager en avion. Devenir végétarien. Recycler et composter comme si votre vie en dépendait.

Ça va aider la planète ? Oui. Mais ce sera marginal.

Pour sauver la planète, le Canada n’a plus le choix : il doit réduire considérablement sa production de pétrole et de gaz naturel, explique un rapport publié mercredi par l’Institut de l’énergie Trottier (IET) de Polytechnique Montréal.

L’IET tente de répondre à la question la plus importante de notre génération : qu’est-ce que le Canada doit faire pour contribuer à sauver la planète ?

Si on veut limiter le réchauffement climatique à moins de 1,5 degré Celsius d’ici la fin du siècle, le monde entier doit atteindre la carboneutralité en 2050. C’est aussi la cible du Canada et du Québec.

On peut prendre différents chemins pour y arriver. Mais ils impliquent tous de passer par une étape qui fera (très) mal dans l’Ouest canadien : réduire à presque rien notre production de pétrole et de gaz naturel.

Selon le scénario calculé par l’IET, il resterait en 2050 environ 6 % de la production actuelle de pétrole canadien. Et 10 % de la production actuelle de gaz naturel canadien.

Une réduction considérable, qu’on vous disait.

Les plus pessimistes verront le verre à moitié vide.

Il est vrai qu’avec tous les moyens déployés actuellement par les gouvernements (dont la taxe fédérale sur le carbone), le Canada réduirait ses émissions de CO2 de seulement 16 % d’ici 2030, selon l’IET. Il lui faut les réduire d’au moins 40 %.

Comme citoyen-pollueur, vous avez une emprise limitée sur la situation. Actuellement, la population est responsable d’environ 20 % des émissions de CO2 au Canada (dont 6 % pour le chauffage résidentiel, 11 % pour l’auto, 1 % pour l’avion).

Malgré tout, nous pouvons aussi voir le verre à moitié plein.

Tout d’abord, il y a des solutions. Elles coûtent cher. Elles demandent du courage politique et des transformations importantes de l’économie. Mais elles existent.

« Si on s’y prenait aujourd’hui, on pourrait y arriver. Mais il faut faire ces changements rapidement et arrêter de prendre des solutions de côté comme le gaz naturel », dit le professeur Normand Mousseau, directeur scientifique de l’IET. Au lieu des « énergies de transition » comme le gaz naturel, il vaut mieux miser immédiatement sur les énergies vertes comme l’hydroélectricité, l’éolien et le solaire.

Pour arriver à nos cibles, tout le monde doit apporter sa contribution. La population devra changer certaines de ses habitudes. Mais le gros du travail se fera inévitablement dans les trois secteurs les plus polluants : la production de pétrole et de gaz naturel (24 % des émissions), les transports (30 %) ainsi que le secteur industriel et l'agriculture (environ 26 %).

Ensemble, ils représentent 80 % des émissions de CO2. Avec la carotte (mesures incitatives, investissements publics) et le bâton (réglementation), les gouvernements doivent les amener à réduire leurs émissions.

En 2016, le Canada a produit 705 millions de tonnes de CO2. On doit réduire à 438 millions de tonnes de CO2 pour respecter notre cible en 2030. Pour y arriver, il faudrait notamment que la production de pétrole diminue… de moitié. Celle du gaz naturel, de 59 %. Ça vous donne une idée de l’ampleur du défi. D’ici seulement neuf ans.

Et ce n’est pas fini. En 2050, on veut arriver à la carboneutralité. Cette année-là, l’IET calcule que le Canada émettrait encore 150 millions de tonnes de CO2, mais que la technologie de captation de CO2 lui permettrait d’en capter autant.

C’est en vertu de ce scénario qu’on réduirait la production de pétrole à presque rien (6 % de la production actuelle). Si on veut produire davantage de pétrole, les autres secteurs devront faire encore plus d’efforts de réduction. Sinon, le Canada ratera sa cible.

Même l’Agence internationale de l’énergie le dit : la part du pétrole dans la production mondiale d’énergie doit passer de 80 % à 20 % si on veut la carboneutralité en 2050.

Personne ne peut prédire l’avenir avec certitude. Mais à l’approche de la COP26, il faut se rendre à l’évidence : le pétrole canadien vit sur du temps emprunté.

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