Depuis le début de la campagne électorale, les partis politiques vivent en état d’apesanteur. Leurs promesses s’accumulent d’un côté de la balance, sans qu’ils prévoient de nouvelles sources de revenus pour équilibrer le budget.

Et qui donc va payer pour tout cela ?

Normalement, les électeurs devraient obtenir la réponse à cette question dans le cadre financier qui est la clé de voûte d’un programme électoral, l’outil permettant de chiffrer les beaux principes et de juger de la crédibilité financière des partis.

Malheureusement, le Parti vert et le NPD n’ont pas encore quantifié leurs généreuses promesses. Or, voter pour un parti politique sans cadre financier, c’est un peu comme confier les rénovations de sa maison à un entrepreneur sans l’avoir fait soumissionner. Ce n’est pas sérieux.

Quant au Bloc québécois et au Parti conservateur, il est regrettable de constater qu’ils ont attendu à la toute dernière minute pour chiffrer leurs promesses, en soumettant leur cadre quelques heures avant le débat des chefs de mercredi soir, limitant ainsi la possibilité de parler de chiffres de façon éclairée.

Le Parti libéral, lui, s’est prêté à l’exercice un peu plus tôt. Mais avec de nouvelles dépenses trois fois plus élevées que les nouvelles sources de revenus, il a retiré de son vocabulaire le retour à l’équilibre budgétaire. Plus question d’éliminer le déficit dans un avenir prévisible. À la place, les libéraux veulent « adopter un budget axé sur la qualité de vie ». Ah bon ?

Mais de toute façon, aucun des partis politiques ne prône le retour à l’équilibre, hormis les conservateurs dont le cadre financier reste plutôt évasif, en évoquant l’élimination du déficit dans sept ans.

C’est comme si l’assainissement des finances ne comptait plus.

Avec les taux d’intérêt au plancher, il est vrai qu’on ne sent plus le poids des dettes qui se sont accumulées à grands coups de milliards durant la pandémie. Alors un milliard de plus ici et là ne fait plus tiquer personne.

On se retrouve donc avec une panoplie de promesses discutables.

Les Libéraux veulent permettre aux jeunes ménages de puiser dans leur REER sans avoir à payer d’impôt pour l’achat d’une première habitation, ce qui risque de pousser les prix de l’immobilier encore plus haut.

Les conservateurs veulent offrir comme cadeau de Noël un congé de TPS durant le mois de décembre, pour stimuler les achats en magasin, un coup de main superflu puisque la consommation roule déjà à plein régime.

Et le Bloc québécois propose d’augmenter la déduction fiscale des REER pour ceux qui investissent dans les énergies vertes. Cauchemar administratif assuré !

Tout cela sans se soucier du fait qu’Ottawa est dans le rouge. Foncé.

Si le Canada a pu intervenir durant la pandémie, c’est parce que sa rigueur financière des dernières décennies lui avait donné une marge de manœuvre. Mais aujourd’hui, il n’est question nulle part de l’importance de retrouver cette flexibilité. Au lieu de réduire le déficit et la dette, on mise sur la croissance économique pour garder sous contrôle le ratio dette/PIB.

Et si la croissance était moins forte que prévu ?

Et si les taux d’intérêt remontaient ?

Et si le pays était frappé par une autre crise ?

L’idée n’est pas de crier au loup. Après tout, les finances publiques du Canada sont viables à long terme, selon le Directeur parlementaire du budget. Mais il faut rester vigilants avant de se lancer dans de nouvelles dépenses récurrentes.

D’autant que les provinces, elles, auront plus de mal à joindre les deux bouts, à cause de la hausse des dépenses en santé qui va créer un jeu de ping-pong avec Ottawa afin de déterminer qui paiera la note. Mais peu importe le résultat du match, l’argent sort toujours de la même poche : celle du contribuable.

Alors, pensons-y avant de lancer de nouveaux programmes. On ne veut pas que le poids des dettes retombe lourdement sur les épaules de nos enfants.

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