Dans le réseau de l’éducation, depuis le début de la pandémie, la prévisibilité est en général aussi épouvantable que la visibilité sur les routes, l’hiver, en pleine tempête de neige. 

Elle est soit passable, soit nulle.

On est en train d’en faire une fois de plus la démonstration cette semaine : c’est la rentrée et on nage encore dans le flou.

Bon, jusqu’à un certain point, un degré élevé d’incertitude est inévitable.

Tout le monde en convient.

On est en pleine crise sanitaire et la situation épidémiologique évolue constamment. C’est normal de devoir s’ajuster en cours de route.

C’est normal, aussi, de vouloir attendre d’en savoir plus sur ce qui s’annonce en termes de nombre de cas et d’hospitalisations avant de faire connaître certaines décisions importantes.

Mais il y a des limites à ne pas franchir, tant pour les élèves que pour les parents et le personnel.

Et l’une d’elles vient de l’être : attendre à la toute dernière minute pour faire connaître des directives essentielles au bon fonctionnement du réseau, c’est inacceptable.

Au début de la pandémie, on pouvait toujours dire qu’on connaissait peu le virus et ses conséquences. Cette excuse ne tient plus.

* * *

Les enseignants du secondaire et du primaire ont commencé lundi à intégrer leurs écoles. Les élèves arrivent au cours des prochains jours. Et on se pose encore des questions fondamentales.

Par exemple :

  • Devra-t-on porter le masque dans les établissements de certaines régions du Québec et, si oui, lesquelles ?
  • Qu’est-ce qui devra être fait s’il y a une éclosion ? On présume qu’il faudra réagir avec plus de souplesse, au secondaire du moins, puisque bon nombre de jeunes seront entièrement vaccinés.
  • Comment va-t-on gérer l’enseignement à distance ?
  • Quelles sont les activités pour lesquelles on va exiger le passeport vaccinal ?

On attend encore les réponses.

Comment ne pas comprendre, alors, l’impatience qui se manifeste dans le réseau ? Elle était palpable lundi matin, lors d’une conférence de presse des syndicats qui représentent la majorité du personnel des écoles du Québec.

« Ce qu’on demande à la Santé publique, c’est : donnez-nous au moins les balises qui vous aideront à faire vos choix », a déclaré Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement.

Mais même ces balises manquent encore à l’appel.

C’est pourquoi des directions régionales de santé publique (celle de Montréal, notamment) et des centres de services scolaires sont désormais tentés de trancher eux-mêmes sur certaines des questions les plus épineuses, nous apprenait Le Devoir samedi.

La nature a horreur du vide, c’est bien connu.

* * *

La question à laquelle on ne peut pour l’instant pas répondre avec certitude concerne les responsables de ce vide.

Dans le réseau, certains n’hésitent pas à blâmer une fois de plus le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, qui a souvent eu du mal à donner l’heure juste aux familles et aux divers acteurs du réseau depuis le début de la pandémie.

D’autres se montrent plus conciliants et concèdent qu’il est cette fois tributaire des décisions de la Direction générale de santé publique.

Notons d’ailleurs que certaines questions se posent aussi dans les cégeps – qui ne sont pas sous la responsabilité du ministre Roberge –, où la rentrée a déjà débuté. Là non plus, on n’a pas reçu de guide qui permettrait de savoir quoi faire en cas d’éclosion.

Avec raison, d’autres montrent du doigt non pas tel ou tel ministre, mais le gouvernement. On peut légitimement se demander pourquoi, dans ce dossier, il ne parvient pas à obtenir et à fournir des directives plus rapidement.

Désormais, on affirme qu’elles devraient être annoncées cet après-midi.

Tant mieux.

Mais cette fois encore, le mal est fait.

Et tout ce qu’on peut souhaiter, c’est que tous les cris et les S.O.S. issus du réseau de l’éducation frapperont les esprits de façon telle que les prochaines rentrées se dérouleront sans tergiversations.

Les élèves, leurs parents et leurs enseignants méritent mieux.

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