C’est officiel : le retour à la normale ne sera pas pour l’automne dans le secteur de l’éducation. Et c’est… parfaitement normal.

Soyons honnêtes, même si la campagne de vaccination va bon train, la propagation du variant Delta ne permettait pas au ministère de l’Éducation de faire des largesses.

Cela dit, des allègements par rapport à la dernière année scolaire étaient impératifs. Pour au moins deux raisons fondamentales.

Premièrement, parce qu’il est essentiel, à l’école comme ailleurs, de montrer que la vaccination sert à quelque chose (le passeport vaccinal sera d’ailleurs requis pour les adolescents qui veulent participer à certaines activités à haut risque, c’était souhaitable).

Il y a un grand nombre de Québécois vaccinés – incluant les jeunes de 12 à 17, dont 83 % ont reçu une première dose –, le virus circule moins et il y a nettement moins d’hospitalisations. Il serait incohérent, si la situation épidémiologique nous le permet, de ne pas assouplir les mesures.

Deuxièmement, parce que les élèves y ont goûté.

Comme l’a souligné avec justesse Jean-François Roberge mercredi, il y a aussi des risques liés aux mesures sanitaires.

« Des risques de décrochage, des risques de problèmes de santé mentale, des risques de suicide, des risques de troubles alimentaires, de jeunes dépressifs, de jeunes qui dorment mal… Ça fait 18 mois qu’on a des jeunes qui crient à l’aide », a résumé le ministre.

Le statu quo, donc, était intenable.

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La formule présentée est vraisemblablement le résultat de nombreux arbitrages. Elle n’est pas parfaite. Mais en temps de pandémie, les initiatives irréprochables n’existent pas.

Il n’y a que des compromis.

Il s’agit de trouver un point d’équilibre entre les avantages et les inconvénients. C’est en vertu de ce principe qu’il faut évaluer ce qui vient d’être annoncé.

Il n’y aura donc plus de bulles-classes, tel que promis en juin. Non seulement l’école en tant que lieu de socialisation en bénéficiera, mais ça permettra d’organiser des activités où des jeunes de plusieurs classes pourront se regrouper.

Par contre, le masque ne disparaîtra pas des écoles comme on l’avait fait miroiter.

Québec a littéralement tranché la poire en deux.

Les jeunes n’auront pas à le porter en classe, puisque c’est là où le risque de transmission du virus est moins grand, mais il faudra le remettre dans les couloirs et les autres aires communes.

C’est un risque calculé. Et qui dit risque, dit surveillance constante. À la Santé publique, on sera aux aguets, prêt à modifier les mesures annoncées en cas de besoin.

L’idée derrière tous ces changements est aussi de favoriser l’apprentissage.

Même si les chiffres présentés par le Ministère semblent rassurants (on a notamment parlé du taux d’échec, qui semble n’avoir que peu varié), il faut les prendre avec un gros grain de sel.

On sait fort bien que ce qu’on a enseigné depuis le début de la pandémie ne correspond pas nécessairement à ce que les jeunes pouvaient apprendre avant la crise sanitaire.

Saluons d’ailleurs l’octroi de 13 millions pour permettre un meilleur arrimage entre le milieu de l’éducation et les divers organismes qui aident les jeunes à raccrocher, mais dont l’expertise n’était pas assez mise à profit jusqu’ici.

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Là où le bât blesse, c’est encore une fois au sujet de l’air des classes de la province.

S’il avait été rassurant d’apprendre il y a quelques mois qu’on installerait des lecteurs de dioxyde de carbone (CO2), on ne peut que déplorer le fait que l’opération ne sera pas aussi rapide qu’on le pensait.

Notons enfin que le milieu de l’éducation piaffe d’impatience – avec raison – quant à savoir ce qu’on devra faire, à l’automne, lorsqu’il y aura un cas ou une éclosion dans une classe. Car bien sûr, la vaccination change la donne.

On aurait tout avantage non seulement à rendre les directives publiques au plus vite, mais à donner le temps aux équipes-écoles de s’y préparer avant l’arrivée des élèves dans les divers établissements de la province.

Pour que cette nouvelle année scolaire anormale soit tout de même la plus normale possible.

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