« Més que un club ». C’est la devise du FC Barcelone, le mythique club de foot, puissant symbole du nationalisme catalan, de la résistance à la dictature de Franco à aujourd’hui. Un club détenu par ses partisans, les « socios », qui votent pour élire sa direction.

Jusqu’à la semaine dernière, c’était le club de Lionel Messi, meilleur joueur de sa génération, qui joue au Barça depuis l’âge de 13 ans.

Mais le meilleur joueur au monde vient de quitter son club. À regret. Le Barça a beau être l’équipe la plus riche au monde (valeur de 4,76 milliards US, selon Forbes), il est tellement endetté que la ligue espagnole n’a pas approuvé le nouveau contrat de Messi.

Léo Messi a donc signé au PSG, l’un des rares, sinon le seul club qui pouvait se payer son salaire de 35 millions d’euros nets (après impôts) par an.

Le PSG, c’est aussi « més que un club ». Mais pas dans le même sens qu’à Barcelone. Le Qatar a acheté le PSG en 2011 pour les affaires, mais aussi pour avoir une vitrine publicitaire et accroître sa sphère d’influence partout dans le monde. Le foot comme un outil diplomatique, quoi.

Pendant qu’on applaudit le PSG, on oublie un peu que le Qatar est un régime autoritaire, dirigé par un émir, et non une démocratie (1). Que les droits de la personne y sont quasi inexistants. Qu’on vient de rétablir la peine de mort. Que les conditions de travail et de vie des deux millions de travailleurs migrants sont vivement dénoncées par les ONG.

Et à un an de sa Coupe du monde au Qatar, obtenue dans la controverse – le pays aurait acheté des votes, selon la justice américaine –, le Qatar se paie le meilleur joueur de foot au monde. Ce sera d’ailleurs la Coupe du monde de la démesure, au coût de plus de 200 milliards en comptant toutes les dépenses d’infrastructures.

Lionel Messi a le droit de jouer au foot où il veut. Mais qu’on ne se conte pas d’histoires : au PSG, il jouera aussi comme ambassadeur pour le Qatar.

(1) Dans son rapport annuel sur les démocraties en 2020, le magazine The Economist classe le Qatar au 126e rang sur 167 pays, avec un indice démographique de 3,24 sur 10. Le Qatar est ainsi dans la catégorie des régimes autoritaires.

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