Des partys de 5000 personnes, il n’y en a pas eu beaucoup au Québec depuis un an et demi. Encore moins qui s’étalent sur trois jours. Et encore moins qui sont animés par des vedettes comme Charlotte Cardin, Jessie Reyez et Half Moon Run.

Le retour du festival Osheaga en octobre à Montréal, même en version réduite, est donc une excellente nouvelle.

C’est aussi une occasion en or d’envoyer un message sur l’importance de la vaccination au groupe qui traîne la patte : les jeunes.

Vous voulez profiter des lieux magiques du parc Jean-Drapeau ? Vous voulez retrouver ce sentiment trop longtemps oublié d’une communion musicale ? Vous voulez boire une bière, fumer un joint, vous remplir les oreilles de décibels, regarder la faune bigarrée, faire tout ce qu’on fait dans un grand festival de musique ?

Grand bien vous fasse. Mais montrez le code QR qui prouve que vous êtes pleinement vacciné avant d’enfiler votre bracelet de festivalier.

Pas parce qu’un concert en plein air est nécessairement dangereux. Cela dépend beaucoup des conditions sur place. Des scientifiques organiseront bientôt des concerts-tests, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, pour y étudier la transmission du virus dans diverses conditions.

Mais il n’est pas question de ça ici. Il s’agit d’envoyer un message, franc et transparent, que la vaccination donne des privilèges.

Le Groupe CH, qui organise l’évènement, se montre très ouvert à l’idée d’exiger des preuves de vaccination.

« On avait le même message pendant les séries éliminatoires : utilisez notre évènement pour voir comment ça se passe », nous dit Paul Wilson, vice-président aux affaires publiques de l’organisation.

Les billets pour Osheaga sont en vente ce vendredi. C’est à la Santé publique d’envoyer le signal qu’il s’agira d’une grande fête pour les vaccinés. Et vite.

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Les libertés individuelles ? Arrêtez. Fréquenter un festival est un privilège. La France va beaucoup plus loin avec son fameux « passe sanitaire ». Le taux de vaccination y est plus faible qu’ici, c’est vrai. Mais on a vu que ça fonctionne pour le faire grimper.

Réalisons que la rentrée scolaire est dans à peine plus d’un mois. Or, il reste encore près de 30 % des 18-29 ans qui n’ont encore reçu aucune dose de vaccin. C’est près d’un jeune sur trois.

Étant donné qu’il faut au moins quatre semaines entre les deux doses, ces gens doivent recevoir leur première dose d’urgence. Sinon, ce ne sont pas les barrières d’un festival qui se fermeront aux non-vaccinés. Ce pourrait bien être les portes des cégeps et des universités – et pour tout le monde.

On connaît maintenant tous les problèmes qu’entraîne l’école à distance, qu’ils soient pédagogiques, sociaux ou de santé mentale. On ne veut pas rejouer dans ce film-là – surtout que cette fois, on a les outils pour l’éviter. Ce serait terriblement bête de s’en priver.

Bien sûr, le simple fait d’exiger un passeport vaccinal pour Osheaga ne réglera pas la question de la vaccination des jeunes à lui seul. Le festival prévoit accueillir 5000 personnes par jour, sur trois jours. Mais il s’agit d’une mesure qui marquerait l’imaginaire et qui pourrait être étendue. Nous avons déjà plaidé dans ces pages pour que les bars, par exemple, puissent n’ouvrir qu’aux pleinement vaccinés.

Le variant Delta provoque une forte hausse des cas dans de nombreux pays. Croire que le Québec en est à l’abri serait une grave erreur. On ignore encore les effets des hausses sur les hospitalisations. En relâchant les mesures sanitaires en pleine explosion des cas, le Royaume-Uni est devenu un laboratoire qu’on surveille de près. Mais attendre et observer n’est pas une option. Si on n’a pas encore compris qu’il faut se préparer au pire avec ce virus, on n’a vraiment tiré aucune leçon des vagues précédentes.

Une semaine après l’annonce de la loto-vaccin, on peut constater que la mesure n’a pas eu l’effet escompté. Chez les 18-29 ans, on n’observe aucun sursaut dans la vaccination. Il faut essayer autre chose.

Charlotte Cardin réussira-t-elle là où le tirage d’une bourse d’études a échoué ? On ne le sait pas. Mais peut-on vraiment se priver de l’occasion de vérifier ?

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