Régis Labeaume a sa ville dans le sang. Mais en tirant sa révérence, on ne peut pas dire que le maire de Québec a tellement donné le goût à la relève de se lancer dans l’arène.

« Il faut être un peu fêlé pour faire de la politique », a-t-il lancé avec sa bonhommie habituelle.

PHOTO YAN DOUBLET, LE SOLEIL

Régis Labeaume a annoncé mercredi qu’il ne se représentera pas aux prochaines élections municipales pour briguer un cinquième mandat à la mairie de Québec.

Face à la série de maires qui ont décidé de faire leurs boîtes depuis le début de l’année — à Sainte-Julie, Sept-Îles, Longueuil, Gatineau, Laval —, Régis Labeaume craint d’ailleurs que la qualité de la classe politique diminue, car le métier est de plus en plus difficile. Usant. Dur pour la famille.

Lui-même a développé une obsession, a-t-il confié en conférence de presse, mercredi. Dormir !

Remarquez, le maire de Québec a bien le droit de se reposer. Après tout, il règne sur la capitale depuis 13 ans, alors que Montréal a vu pas moins de cinq maires se succéder durant cette période : Gérald Tremblay, Denis Coderre et Valérie Plante, sans oublier Michael Applebaum et Laurent Blanchard, par intérim.

Le maire de Québec, qui a eu 65 ans dimanche dernier, vient de régler le controversé dossier du tramway à l’issue d’un bras de fer avec Québec. Il peut donc partir serein, après un quatrième mandat pénible, marqué par la pandémie et les tueries de la Grande Mosquée et de l’Halloween.

Personne n’est tombé en bas de sa chaise en apprenant que Régis Labeaume, qui a lutté contre un cancer, ne serait pas de la course, lors des élections du 7 novembre prochain.

Bien sûr, il aurait pu se représenter. Les sondages le donnent encore gagnant. Mais il vaut toujours mieux partir dans la gloire.

Régis part, vive Régis !

Le maire a plusieurs bons coups dont il peut être fier : l’organisation de grands évènements comme les célébrations du 400e annniversaire, le développement des infrastructures, l’unification des arrondissements pour créer une ville cohérente…

Par contre, il n’aura pas réussi à ramener les Nordiques à Québec, malgré la construction d’un amphithéatre de 370 millions de dollars, entièrement aux frais des contribuables.

Et il aura écrasé bon nombre d’orteils sur son passage, notamment dans la fonction publique avec qui ça jouait dur.

S’il faut dénoncer la vague de haine contre les politiciens qui déferle sur les réseaux sociaux et les propos des radios-poubelles de Québec, il faut quand même souligner que Régis Labeaume avait aussi son franc-parler.

On se souviendra, par exemple, que le maire a déjà comparé ses adversaires à des autistes, avant d’être forcé de se rétracter par Autisme Québec. En s’excusant, le maire avait admis qu’il avait « fait du Labeaume ».

Mais les électeurs lui ont toujours pardonné son côté bagarreur. Contrairement à l’ancien maire de Montréal qui a perdu ses élections à cause de son côté autoritaire, le maire de Québec a su garder sa cote de popularité malgré son front de bœuf. Peut-être grâce à son authenticité, à son caractère humain lors des catastrophes, à sa présence sur le terrain… pas juste pour les caméras.

Régis Labeaume a prouvé que la mairie, c’est généralement l’affaire d’un individu avec une personnalité forte. Rares sont les villes qui ont des partis politiques dotés de plateformes qui survivent au départ de leur chef, comme on le voit au provincial et au fédéral.

Mais cela pourrait changer, puisque les municipalités sont de plus en plus confrontées à de grands défis socio-économiques, comme l’accessibilité du logement, la santé publique, l’intégration de l’immigration et le vivre ensemble.

Une ville, ce n’est pas que des nids-de-poule et des camions à ordures. Ça dépasse la stricte fourniture de services de proximité à la population… avec le compte de taxes le plus bas possible.

Souhaitons que malgré la haine et les coups durs, les candidats seront au rendez-vous le 7 novembre. Il en va de la démocratie municipale.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion