Oui, la fête de Pâques approche, mais non, « le Québec n’est pas béni par de l’eau bénite » qui le protégerait de la troisième vague, a lancé Horacio Arruda.

Les cas augmentent. Les variants menacent. Et un durcissement des mesures sanitaires, même s’il n’a pas été annoncé mardi, pourrait survenir à tout moment.

Québec refuse pour l’instant de serrer la vis, comme le réclament notamment le Collège des médecins et l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec. C’est vrai.

Mais on ne reste pas non plus avec l’impression, à la suite des plus récentes explications des trois ténors québécois de la COVID-19, qu’on prend la situation à la légère.

Les voyants sont au rouge, on le constate et on est sur les dents.

François Legault a laissé entendre qu’il pourrait reconsidérer l’allègement des mesures, dans certaines régions, très rapidement. Le gouvernement surveille l’évolution des données « d’heure en heure », a affirmé le premier ministre.

Des scénarios ont déjà été envisagés, incluant celui de revoir à la baisse l’heure du couvre-feu.

Personne n’a envie de ça. Mais si c’est le prix à payer pour éviter une nouvelle flambée des hospitalisations, le remède sera assurément moins grave que le mal.

***

Il y a plusieurs raisons légitimes qui conduisent le gouvernement à ne pas imiter, pour l’instant, une province comme la Colombie-Britannique (rappelons qu’on vient là-bas d’instaurer les mesures les plus strictes depuis novembre dernier pour freiner la progression du virus).

Le fait, par exemple, que certaines données montrent qu’au Québec, ce ne sont pas tant les assouplissements consentis en zone orange qui font grimper les cas que le manque d’adhésion aux mesures qui sont restées en place.

Traduction : oui, on a pu voir des éclosions dans un gym (plus 40 cas à Québec) et dans certains restaurants, mais ce qui permet vraiment aux variants de faire des dégâts, c’est que les gens ont recommencé à accueillir leurs proches à la maison.

La reprise de ces rassemblements est ce qui inquiète le plus le gouvernement. Et ça, c’est déjà interdit.

Notons aussi que ce sont cinq régions en particulier qui connaissent des difficultés. D’autres, qui bénéficient pourtant des mêmes assouplissements, n’ont pas vu leur situation épidémiologique changer de façon aussi préoccupante.

Enfin, comme le rappelait le Dr Arruda, les autorités de santé publique ne sont pas seulement en guerre contre la COVID-19. Leur travail est plus vaste et tous les déterminants de la santé sont pris en considération. Y compris l’impact des décisions sur la santé mentale, sur la violence conjugale ou encore sur la réussite scolaire.

Et on constate un peu plus chaque jour à quel point on aurait tort de négliger ces enjeux dans le cadre de la gestion de la crise.

***

On se permettra toutefois de se questionner sur le bien-fondé de la décision prise récemment au sujet des lieux de culte.

Alors qu’on s’inquiète de l’impact potentiel des célébrations de Pâques, pourquoi diable fallait-il permettre les rassemblements de 250 personnes ?

Bien sûr, comme au théâtre, il est possible de limiter la propagation du virus si on respecte les consignes à la lettre. Mais les fidèles n’ont pas tous fait preuve d’un grand zèle en la matière depuis le début de la pandémie.

À ce qu’on sache, aucun groupe de spectateurs n’a jamais chargé les policiers en sortant d’un théâtre (comme ce fut le cas devant une synagogue en janvier).

Les prochaines semaines seront cruciales et vont vraisemblablement déterminer la taille de la vague à laquelle nous sommes déjà exposés. Un tsunami comme dans certains pays européens : non, merci ! On a déjà donné.

Il reste que dans l’ensemble, il est rassurant de voir qu’à Québec, on a cessé de soutenir qu’on « résiste aux variants et à la troisième vague ». Et qu’on semble prêt à réagir au quart de tour pour limiter les dégâts.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion