Des voyants qui clignotent sur le tableau de bord de la COVID-19, il y en avait déjà beaucoup.

La France, l’Italie et l’Allemagne se reconfinent. En Ontario, en Colombie-Britannique et en Alberta, les cas et les hospitalisations sont repartis à la hausse.

Au Michigan, dans un pays où trois fois plus de citoyens sont vaccinés qu’au Québec, le nombre de cas a doublé en deux semaines. Le New Jersey compte 315 cas par 100 000 habitants, quatre fois plus qu’au Québec.

François Legault a mentionné tous ces exemples, mardi, en conférence de presse.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

« Contrairement à l’Ontario et à bien des pays européens, le Québec a encore une marge de manœuvre. Les variants finiront par devenir dominants, mais ils ne comptent actuellement que pour 30 % des cas. Cela nous donne une fenêtre pour vacciner à toute allure et tenter de les prendre de vitesse », écrit notre éditorialiste.

Le problème est que malgré un message général de prudence, le premier ministre semblait davantage brandir ces cas pour montrer à quel point le Québec fait bonne figure que pour illustrer ce qui pourrait nous attendre au détour du chemin.

« Le Québec résiste aux variants et à la troisième vague », a dit le premier ministre.

Bien sûr que ça fait du bien de voir que la province ne domine plus le palmarès des infections. Mais oh ! qu’on aurait tort de bomber le torse et de se croire à l’abri !

C’est d’autant plus vrai que les voyants qui clignotent ne viennent plus seulement de l’extérieur. Ils sont maintenant chez nous. Au Saguenay–Lac-Saint-Jean, en Outaouais et même dans le Bas-du-Fleuve, le passage en zone orange s’est accompagné d’une hausse rapide des cas.

Alors que plusieurs experts s’attendaient à ce que le gouvernement annonce un retour crève-cœur de certaines régions en zone rouge, M. Legault a plutôt poursuivi les assouplissements. Il a annoncé un retour en classe à temps plein pour les élèves du secondaire en zone rouge et l’ouverture des salles à manger dans les résidences où 75 % des aînés sont vaccinés. Ça peut paraître banal. Mais depuis trois semaines, les ouvertures se multiplient sans qu’on ait le temps d’en évaluer les impacts.

Si on n’a pas encore compris que la situation en Ontario pourrait bien être la boule de cristal reflétant où en sera le Québec dans quelques semaines, ce qui se passe en zone orange au Québec devrait servir d’avertissement pour toute la province. On le savait, on le voit maintenant clairement : le feu des variants couve, même chez nous. Et au moindre relâchement, il brûle.

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Il arrivera peut-être un moment où on pourra être plus zen en voyant les cas de COVID-19 augmenter. Lorsque les aînés et les gens vulnérables seront tous vaccinés, la proportion de ces cas qui se transforment en hospitalisations sera moins élevée.

Malheureusement, on n’en est pas encore là.

En Ontario et en France, où les taux de vaccination sont similaires à chez nous (entre 10 et 13 %), les admissions aux soins intensifs connaissent des hausses préoccupantes. Il faut regarder du côté du Royaume-Uni (45 % de la population vaccinée) pour trouver un exemple de pays où les hôpitaux connaissent un véritable répit.

Contrairement à l’Ontario et à bien des pays européens, le Québec a encore une marge de manœuvre. Les variants finiront par devenir dominants, mais ils ne comptent actuellement que pour 30 % des cas. Cela nous donne une fenêtre pour vacciner à toute allure et tenter de les prendre de vitesse.

Mais les signaux en provenance des zones orange montrent à quel point cette course qu’on semble en mesure de gagner peut basculer à tout moment. L’histoire de la pandémie nous enseigne par ailleurs que les champions d’aujourd’hui sont souvent les perdants de demain. La Colombie-Britannique, l’Estrie, le Bas-Saint-Laurent, l’Abitibi… Tous ces endroits ont été montrés en exemple, à un moment ou un autre, parce que les cas y étaient bas… avant qu’ils ne remontent.

Aux dernières nouvelles, le Québec n’avait pas trouvé de truc magique pour mieux gérer cette épidémie qu’ailleurs. On ne se trompera jamais en portant trop attention aux alarmes qui sonnent de plus en plus près de nos oreilles.

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